[Rp : Et sens de Lalie]

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie.... a écrit:: ********J’ai chevauché un long moment le long de la rive de l’Huveaune et apprécié le vent qui emportait toute colère comme on vire un vêtement qui nous enserre de trop. A partir de ce moment, tout changea.

********J’ai admiré la puissance de Santos, me suis unis à son souffle puissant, resserré mes guiboles contre ses flancs afin de mieux apprécier la force de ses muscles, respiré les senteurs de l’hiver et offert mon visage à son soleil. J’ai gouté chaque moment intensément, inspiré profondément à chaque instant en savourant cette liberté d’être moi- même. Libre d’être, tout simplement, et j’en ai profité.
J'ai contemplé des paysages merveilleux qui charment l’âme et font bondir votre cœur à tel point que vous pensez le voir en sortir, à l’Ermitage j’ai allumé un feu de camp et savouré chaque grain de maïs grillé, je me suis ressourcée à la Cascade du Moulin Vieux, traversé la foret de Saint Pons, franchi le col de Bertagne, bu à la source des Lavandiers, abrité à la grotte de Betton quand la pluie m’empêcha d’avancer plus avant puis j’ai parcouru les terres du Plan d’Aups . Depuis la chapelle du Saint Pilon, je me suis imprégnée de la beauté du couchant sur la chaine du Massif de la Sainte Baume, avant de m’endormir encore émerveillée sur ma paillasse improvisée.
Le lendemain j’ai empruntée le chemin des Roys, puis je suis revenue sur mes pas pour finalement prendre le sentier merveilleux. Je me suis lavée à la fontaine des Genièvres, rassuré Séraphin sorti de ma gibecière, fais une sieste aux Quatre Chênes adossé à …… un hêtre. Dans le vallon de la Guillandière, aux abords de la fontaine du même nom, j’ai couru après des biquets à en éclater de rire, j’ai chassé dans la forêt de Saint- Julien, chanté à tue-tête et dansé dans le vallon de Lescure. Adossé aux murs de l’abbaye de la Celle, j’ai sorti ma flute de pan et rejoué de très anciens airs. Je me suis permise d’être moi et cela me faisait un bien fou. Je vivais.

********C’est presque à regret que je franchis les portes de la ville tellement cette liberté m’enivrait. Puis dans un élan que je ne me connaissais pas et que je m’étais toujours interdit, je suivie cette envie grandissante de m’acheter de quoi me vêtir telle une.... dame. Alors je suis passée sur le marché. Là, une tisserande avait étalée ses plus beaux vêtements. Mes yeux autant que mon cœur s’émerveillèrent. L’étoffe que je frôlai chatoyait sous mes doigts, je la portai lentement vers mon nez et inspirai sa senteur, alors je fis ce que jamais je n’aurai pensé faire un jour. Je l’achetais. Sourire en coin amusée de constater que ce couvent avait apporté bien plus que ce que je ne pensais, j’acceptais enfin d’être joliment habillée, et surtout d’être vu dans ma féminité. De fait, dans la foulée, je lui achetais également un bustier. Corne de bouc ! Vraiment je ne me serais pas reconnue si je m’y étais attardée. L’escarcelle plus légère mais le cœur en liesse, je laissai Santos sous la bonne garde des palefreniers de l’auberge ou je me rendis.

********Dans la chambre que j’avais demandé à louer pour un temps incertain, je demandai un baquet d’eau fumante dans lequel j’ajoutai des fleurs de chèvrefeuilles séchées. Laissant couler sur le sol mes habits de voyage, je les poussai un peu plus loin du bout de mon pied puis glissai dans le baquet en soupirant d’aise. Je crois m’y être endormie, les muscles détendus par la chaleur.

********C’est tardivement que je redescendis dans la grande salle ou je pus croiser quelques autochtones. En tête, m’installer dans cette ville et la proposition du maire de m’aider à m’y établir. Pourquoi pas ?

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: Passé, présent...Tout se mélange et se bouscule sous mes paupières.... je m'éparpille.

Croisé dès mon arrivée, il se présenta à moi. Nos conversations prirent rapidement une tournure profonde que j'appréciais de plus en plus, puis soudain ......

Je devins une fleur à ses yeux,....... premier souvenir...... Soupir..... Ras le bol de la flore....
J'en avais déduit naturellement que lui était l'abeille........ Second souvenir et sourire........ jaune. Subitement le fantôme d'un apiculteur fit son apparition... Pourquoi fallait il qu'il revienne juste à cet instant en mémoire..... Je secoue la tête pour le virer mais ma mémoire est tenace et les racines profondes. Aussi, même si la fleur désire s'ouvrir pour laisser l'abeille puiser à sa source, une main invisible tient fermement sa corolle fermée. La trouille. Une de celle que je ne me connaissais pas mais qui s'imposa à moi avec force.
Ai-je tant souffert pour ne plus oser laisser entrer une once de lumière ?

Trop soudain, trop précipité, je m'asphyxie.

Comprimée entre désir, espoir, appréhension et effroi, je me noie en moi-même. Apprendre la confiance quand une vie entière vous a prouvée tous ses méfaits, tel est aujourd'hui le marasme dans lequel je patauge. Et puis..... Au delà de la peur, quelque chose clochait...... Je le sentais au fond de moi sans pouvoir l'exprimer, et encore moins l'expliquer... Pourtant, je n'avais ni envie de fuir, ni de parcourir le royaume entier comme j'ai pu le faire tant de fois dans l'unique but d 'oublier....... Subrepticement se pointe le troisième souvenir.....et encore moins de faire souffrir..... avant d'enchainer sur le quatrième....... Mais tout cela était derrière moi nonobstant ce schéma répétitif qui m’exaspère....... . J'essaie de garder la tête hors de l'eau.
Y parviendrai- je ?

M'aime si, Même-si ......

Rienafout, je ne sais pas jouer à ce jeu la : celui de l'amour, de la guimauve, des battements de paupières et des mots tendres, et lui n'est qu'éclosions de fleurs en tout genre ..... La trouille me noue l'estomac..... ne pas vouloir lui faire de peine, ne pas vouloir perdre cet ami....... Cinquième souvenir.....un écho...... Je danse d'un pied à l'autre..... Dit tout et son contraire...... Girouette en puissance...... Sixième souvenir.... de celui qui me l'a tant dit toussa déjà.... Je vais crever si je continue , y a pas.

Rester moi, rester vrai, me respecter...

Craquage sans coup de gueule..... surprenant...... Sourire amusée sur ce septième souvenir qui était tout son inverse..... Paroles échangées, vérités sans explosion, explications dans le respect, la mienne, la sienne, mots toujours aussi tendre de sa part pour apprivoiser un cœur perdu depuis longtemps.......Aucun souvenir......... je respire mieux....
Réponses données dans le calme...... extraordinaire...... pas de drame....pas de porte claquée.....totale et entière compréhension sans aucune tension, sans besoin de se justifier........ j'inverse les souvenirs..... Je tiens bon, je souris, je revis....... Puis vint des rires et ce moment.....

- Tu sais bien que c'est ma Lalie d'aujourd'hui qui me plait, ce qui s'est passé, ce que tu as été, eh bien voila...
ce n'est que du passé, tu n'es plus celle là, point. Moi si je te parle ca te suffirait pas, mais je peux jouer plusieurs rôles du petit enfant au vieillard, de la mère de famille au pirate..je suis très fort tu sais ?
Je passe outre sur le fait qu'il s’oublierait lui même car mon esprit bute sur ........Huitième souvenir........ des tricornes.....

- Imagine Lalie, toi et moi assis devant un quai avec une assiette d'huitre un bouteille de vin blanc légèrement sucrée et du pain chaud...l'odeur d'iode dans les narines et dans la bouche...
Neuvième souvenir.......... d'une invitation à un festin en bordure de mer avec les tricornes.....

Alors j'explique, je me positionne parce que ce n'est plus possible de revoir aussi souvent devant mes paupières, le fantôme d un sourire attendrissant, aguicheur, ensorceleur...

- attends, la euh......., ça va pas être possible....
- pourquoi? tu sais pas nager? tu es allergique?
- Tu m'aides pas du tout en fait, je me doute que tu ne le fais pas exprès, comment le pourrais tu d'ailleurs.......mais...... tout ce que tu me dis la.......
J'ai secoué une tête éberluée, mais également sans rien dire, pour virer ce visage toujours présent, pourtant, il ne me manquait pas, non, ce n'était même pas cela, juste que je voulais ne plus y penser, mais cela devenait de plus en plus difficile.
- Oui, un... pique nique en bordure de mer , avec en plus des pirates.... ça, ce fut fait il y a quoi, 15 jours ? 3 semaines peut-être...
- quoi ?
J'ai souris amusée devant ses prunelles interdites et répondu juste un :
- oui
- mais je ne savais pas...désolé...
- je sais.....c'est en mème temps troublant et drôle...

Passé, présent...Tout se mélange et se bouscule sous mes paupières.... et moi.....
moi..... j'apprends à naviguer au milieu de toussa...

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: S'il te plaît... apprivoise-moi...

Leitmotiv qui tourne en boucle dans mon carafon et qui trouva écho sans que je ne n’ eue besoin de l'exprimer une seule fois et c'est avec patience, douceur, calme, et compréhension qu'il tenta de le faire.

Graduellement, jours après jours, délicatement, sans précipitation, dans l'écoute et la bienveillance ; avec des paroles sensibles, posées ou sous tendaient cependant une grande fougue; des gestes mesurés et retenus sans autorité, des regards caressants sans oppression qui miraient bien au delà de toute apparence, un à un il fit tomber tous les masques que j'avais si longuement porté........ mise à nue singulière tout en restant vêtue.

C'est ainsi qu'il ôta le premier doigt de cette main invisible pour laisser s'infiltrer un faible et ténu rayon de lumière qui vint ricocher sur le diamant que je portais en moi...
J'aurai pu en mourir si il ne m'avait pas tenu les mains, j'en restai simplement interdite tant il m'aveugla de son immense beauté. Eblouie de me voir telle que j'étais véritablement, de me connaitre, de me reconnaitre enfin...

Pourtant, ce n'était que le début. La corolle s'ouvrait jour après jour, jusqu’à ce que d'élève, je devins enseignante auprès de celui qui buvait mes mots comme le buvard boit l'encre. J'avais l'impression d’être invincible, de vivre dans un printemps perpétuel, d'avoir retrouver ...... ma voie.....

Alors je sus.
il ne serait ni ami, ni amant, il serait pour moi unique au monde. Je serai pour lui unique au monde... Il serait...........

les fondations.

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: "La solitude c'est la rêverie, et la rêverie c'est le souvenir. "
Citation de Henri-Frédéric Amiel

Fauchée en plein vol, au sortir de la mine.
Voilà...
J'y étais....
Ça recommençait...

********A dire vrai, je n'en n'étais même pas surprise..L'étonnement était dépassé depuis bien bien longtemps.... Non. Je l'attendais plutôt telle une promesse. Et comme telle, elle se pointa....
Après combien de jours cette fois ci ? Six ? Dix ? Quinze? Je comptais à part moi..... Dix.... misère.... si peu.....
Et de soupirer exaspérée au constat de ce vieux, très très vieux schéma répétitif.....

Oui, je le connais; ça fait un bail que je le pratique.... 7 ans pour être exacte.... Depuis mars 1461....Depuis Rohan.....
Je connais son plan d'action par cœur ...toujours le même.....Concernant toujours le même sujet..... Avec toujours les mêmes déboires à la clé et.... toujours le même plan d'action.

Il suffit de peu de chose : une ville ou personne ne sort et direct, la solitude m'enrubanne dans son linceul à m'en asphyxier...... S'ensuit alors invariablement la valse des souvenirs ...

********Au début ce n'est rien qu'une légère irritation, comme celle d'un moustique qui zonzonne prés de mon oreille et que je tente de virer en chassant l'air devant moi , mais il est coriace - sans que je ne comprenne pourquoi d'ailleurs - et cette foutu bestiole grossit, grossit, grossit, pour finir par me boucher l'horizon. Et là, c'est la fin de mon ciel azuré......
Alors se pointe ...... la connerie .... celle que je fais.... Et ce jour, je la sentais se pointer.....Je sais comment cela se finit...toujours de la même façon....... un courrier de ma part.....Quoique....... Sourire en coin amusée en repensant à un bovin cornu à souhait...... Cependant, bien plus souvent il s'agit de quelques mots que je couche sur un parchemin pour un retour qui me clashe en plein vol.....Et le moustique de se faire la malle très satisfait de lui-même pendant que je me vautrerai dans une torpeur effroyable..... Normal penserai-je alors.....

********Mazette, une véritable galère..... Aimai-je à ce point souffrir ? Me fallait il donc cela pour me sentir vivre ??! Nom d'un chien !! Je grogne, je shoote dans les caillasses qui croisent mon chemin, raz la mouille de toussa !
En rogne contre moi-même je décidais de suite de lui couper l'herbe sous le pied et de mettre définitivement le mot fin sur ces si encombrants souvenirs ....Cependant un sourire en coin mélancolique se dessine de suite sur mon faciès tant certains parsemaient mon chemin de rire et de beauté. Je secoue la tête : Non ! Plus jamais tu entends ?! Non ! Non et non ! Tu vas finir par en crever !!!

C'est complétement irritée après moi-même qu'assise dans un taudis, je sors un parchemin pour écrire à mon pilier. Ce dernier se faisait plus rare dernièrement, les obligations de l'éventuelle future cure de la ville, les visites à faire à un haut rang de l'église, Monseigneur en personne me semble bien, de fait, nos échanges me manquaient et pour l heure, j'avais vraiment, mais vraiment besoin de lui...
Plume en main, j'en mordille le bout et ....... j'en mordille le bout.......
Rien.......
Impossible de coucher le moindre mot..... Impossible d'exprimer ce qui me fait perdre la raison, car devant moi le moustique a prit l'ampleur d'un épervier et me bouche l'horizon.. J'ai toujours adoré les éperviers......

-Grrrrrrrrrrrrrrrrrrr, j'en ai marreeeeeeeeeee !!!!!!!!!!

Moui, je l'ai crié , mais comme il n y a que les murs qui m'entendent, aucun scrupule de ma part. Encore plus énervée, j'ai remballé plume et parchemin au fin fond de ma besace, et me suis dirigée promptement vers la sortie en hurlant a tous les diables :

- Marre, marre et marre !!!!
- Sub !!!! dégages de la, bordel de mer**!!!!!!!!!!!!!Tu fais chi**!!!!!!!!!

La porte à tremblé sur ses gonds quand je l'ai claqué. J'ai de suite trouvé un autre plan d'action...... D'autres souvenirs qui m'avaient aidé il y a si peu, à virer toute colère .

********Santos piaffa sur place alors que je m'approchai...... Lui aussi devait sentir ma colère..... Je tentais de me calmer et ma foi, y parvins qu'à moitié.... Plusieurs caresses sur l'encolure de celui qui prit la place de mon pilier sans espoir d'avoir un retour de parole... Qu'importe.... J'avise une selle et décide d'aller chercher dans le vent, la paix tant recherché..... Une longue, si longue chevauchée que c'est épuisée que je rentrais dans le taudis ou je m'affalais sur un des banc.
En sourdine......
Un zonzonnement....

Que quelqu'un vienne m'en délivrer...
Telle fut ma prière devant le godet que je m'enfilai dans cette ville toujours aussi déserte...

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: ********Je n'ai pas répondu à l'appel de mon schéma. Non, aucun écrit, aucun courrier, rien.... A quoi bon refaire cette connerie quand lui-même ne l'a jamais faite .... et puis..... je sais les retours funestes de ses courriers..... alors forcement dans cette ville où rien ne bouge....Il n'en sort plus de ma mémoire...

********Le diamant en moi ? Peut-être est il toujours là. Je ne sais pas... La fleur a cramée .... plus rien n’éblouis.
De jour comme de nuit, chaque heure, minute puis seconde, je tente désespérément d'oublier ..... de m'en souvenir.
Lui ? Il danse à présent; et le fait de plus en plus amusé tout autour de moi. A chaque instant de chaque moment il me défie de son plus mutin sourire enjôleur. Alors évidement, devant toute cette charmante arrogance, j'ai abandonné toute certitude de le balayer d'un revers de main.... Il m'a fauchée, je reste à terre et je sens que je me perds......

Et puis.....Mon pilier a disparu.... je suis incapable de lui écrire mes tourments. Plus d 'appui, aucun espoir d'aide, c'est seule que je dois sortir de ma torpeur. Il me reste à trouver le mode d'emploi...Cela fut si souvent le couvent que je le vois déjà se profiler à l horizon, cependant avant cela j'ai tenté d'atteindre mon salut autrement, en m'occupant de mille façons.....

********Il en ressort que Santos préfère le foin aux chevauchées..... Qu'allumer un feu de cheminée avec du bois vert n'est pas une bonne idée .... Que les tissus chatoyant peuvent apparaitre aussi terne qu'un ciel de neige...... Que Séraphin déteste les plats mitonnés...... Que s'effondrer bourrée en laissant sa marmite en chauffe, peux s’avérer dangereux...... Que si l'on tient à ses vêtements, il est préférable de ne pas les laver sur le rebord d'un puits.... Qu'une pioche peux se désolidariser de son manche et vous tomber sur le pied...... Qu'il est alors préférable d'avoir des bottes........Que s'endormir par-terre laisse des courbatures..... Que ce n'est pas en forêt que l'on trouve un boulanger...... Que les moutons ne se traient pas..... Que le temps ne soigne rien...... Que je perds pieds......

********J'ai tout oublié, ne reste que cet immense absence, je respire; ne vis pas.... Je combat le froid, le vide... et quand s'aventurent les quelques mots dans ma tête :" si seulement je pouvais lui manquer."....alors mes rires sarcastiques résonnent de tant de crédulité.... pour qu'aussi subitement surgit en écho le sien... facétieux...... Je sers les poings en fermant les yeux..... Respire profondément et court à travers champs jusqu'à en perdre haleine, c'est le dernier recours que j'ai trouvé pour ne pas sombrer...

A ce jour, j'essaie encore....

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie.... a écrit:: J’avais déserté toutes tavernes, je leur préférais les longues promenades pour la fatigue qu’elles m’apportaient et avec elle, la certitude de m’effondrer sans rêves sur ma paillasse.

Je me souviens du jour où je suis partie au petit matin et ai longé un long moment le Caramy jusqu’à arriver au pont Romain. C’est au retour que tout changea alors que le soleil embrassait d or, de roux et de carmin chaque parcelle de l’horizon. De la plus petite brindille au plus grand des chênes ; le moindre fragment de terre, la moindre roche tout avait pris les teintes fauves des volcans. Fascinée par cette représentation, je ne pouvais détacher mes prunelles de cette féerie. Je contemplais la rivière emmitouflée dans son manteau de sang quand interpellées par un de mes pas, quelques cailles s’envolèrent devant moi. Aussitôt, un chasseur me revint en mémoire et avec lui, mes souvenirs. C’est ce qui suivit qui me prit au dépourvue.

Pour la première fois depuis ces sept longues dernières années, je ne ressentis aucune douleur, aucun regret, aucune rancœur, aucune envie de fuir, aucune envie d’expliquer quoique ce soit ; non, je ne ressentais qu’une douce et belle mélancolie.
Depuis de si longs jours j’attendais de vivre l’anesthésie - celle des sentiments - ces instants où plus rien ne touche mon cœur mis à part un néant abyssal - certes sans douleur - mais sans joie, ni bonheur. Je m’y suis heurtée si souvent que je le prévoyais comme l’engagement suivant. Il n’en fut rien et cela m’ébranla bien plus que je n’aurai voulu me l’avouer. En lieu et place, un fin sourire étira mes lèvres. C’était un de ceux que je ne me connaissais pas, mélange de nostalgie et de bonheur. Avec précaution, je sondais un peu plus mais de suite je perçus une différence dans la résonance de mes souvenirs. Bien sur que l'oiseau de proie virevoltait toujours autour de moi mais je le discernais tel un enfant qui caracole sans aucune malice, juste parce qu’il est heureux d’être tout simplement et mon cœur déborda de gratitude pour cela. Alors, tout naturellement, le visage rayonnant, le cœur en liesse, j’écartai les bras et me mit à tournoyer sur moi-même en lui clamant extasiée, toute ma reconnaissance de m’avoir offert, sa fraicheur, ses rires, son humour, son enthousiasme, sa curiosité, son coté joueur et conteur, la panoplie entière de ses sourires…….lui tout simplement.

Je me mis à courir non plus de désespoir mais de délivrance, tant cette joie nouvelle débordait de mon cœur et quand devant mes prunelles rayonnantes, un oiseau se mit a danser à mes cotés, j’eus la paix au cœur, la paix à l’âme, le sourire aux lèvres, jusqu’au rire de certaines réminiscences.

Il est des jours si sombres, que vous préféreriez y mettre un terme quand subitement……. Vous redécouvrez la Lumière.

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: Errant sans but dans les rues désertes, je lâche un soupir exaspéré. Misère, il n'y a véritablement rien à faire dans cette ville...
Mais en vérité, ce n’est pas cela qui me dérange……Non, le plus inquiétant autant qu’intrigant est que je n’ai toujours pas revu mon pilier, ni eu aucune nouvelle de lui, alors qu'il m'écrivait tous les jours, voire même plusieurs fois par jour....
Afin de garder la tête hors de l'eau, je me faisais croire que nos fascinantes conversations ne me manquaient pas. Il n'en est rien évidement ; du coup je tourne désespérément en rond. C'est quand je suis oisive que tout me revient en mémoire, et ce qui tourneboula brusquement dans ma caboche me coupa le souffle.

Non..... cela ne se peut....Il ne peut pas être mort quand même !
Vrai que trop souvent, les gens meurent ou disparaissent après m'avoir rencontré, allez savoir pourquoi hein ?! C'est comme un don, mais celui ci je m'en passerai bien volontiers. Léger sourire qui étire mes lèvres aux souvenirs d'une question de Sati :

- Tu vas aller revoir tes amis maintenant que tu es sortie ?

J’avais rit, comme souvent …… prendre tout à la désinvolture quand le constat est terrible, une méthode de survie comme une autre……. Parce que … Moui, au vu du sympathique caractère que je me trainais avant ces dernières années monastiques, faudrait il que j’en ai des amis. En fait, ils sont peu nombreux…… vraiment très peu….. si peu que deux doigts suffisent et ensuite, la question principale s'impose : sont ils toujours de ce monde ?

En vérité j'en avais revu un …… Hasard de la vie ou accident ? Chance ou déconvenue ? Je ne me pose plus la question, cependant je sais à présent que celui-ci restera à jamais un feu brulant en moi… Parfois il me réchauffe, parfois il me consume…. Je l’ai fuit une fois de plus pour ne pas m'anéantir sur place, le reverrai je ? De cela non plus je n’en sais rien. Je pense que de toute façon, il en a bien assez de ma face, la question ne se pose donc plus. Quant à l'autre....... bah, je ne sais pas du tout ou il est ni si il vit encore...Peut-être devrais je lui écrire…. Moui….. Ou pas…. Même pas certaine qu’il se souvienne de moi en fait….. Haussement d’épaule quand je prends à l’angle de la rue de la Monnaie. Traverser le pré haut, longer la place du marché des ânes en ressassant l’absence d’un pilier, puis effrayée en butant sur une idée, je stoppe net en plein milieu de la rue des chats :

- Mais non ! Pas lui ! C'est impensable !! Il ne peut pas être mort !! Et de toute façon je l'aurai su !!
- Rrrrmmm... Ah oui ??? et….. par qui ???? Prunelles qui s’écarquillent .
- Oui…. Par qui ???!! Mais, mais, mais……NON !! !! Il ne DOIT pas être mort ! Il est forcement trop occupé ààààààààààà

Eurf, j'ai beau chercher, je ne trouve pas ce qui peut le retenir autant. Ici, il n'y a rien à faire... Alors tout s’emballe. JE m’emballe…..Je presse le pas avant de me souvenir rassurée :
La cure ! Il envisageait de la prendre !!!

Mes pas s'allongent..... besoin d'en être certaine ..... mon souffle s’accélère... Rue de Trinite…… Soif impérative d'en avoir le cœur net, d’être rassurée…..Rue des barriques…… Le palpitant cogne trop fort, la trouille s’en mêle….. Rue des Portaniers…… Allure de plus en plus précipitée…… Rue des escaliers que je grimpe deux par deux en courant à présent jusqu’à ce que devant moi……… L'église s’élève de toute sa hauteur…....
Guiboles en guimauves, hors d’haleine, souffle court, j'approche fébrile vers les lourdes portes de bois ou j’y appose mes mains pour les pousser quand je vois.... juste là sur ma gauche......à une cinquantaine de centimètres……..un clou pointé, un parchemin ........ Je recule, je déchiffre dans la semi pénombre…. Un sourire idiot se dessine sur mes lèvres, je soupire apaisée.

- il est curé.....

J'eus à peine le temps de le penser que déjà mon regard est attiré par un autre écrit cloué juste à coté …. Cette écriture…… La sienne…… C’est presque religieusement que je m’en approche, comme si mon intuition me mettait en garde ….. J’appréhende sans pouvoir me détacher de ce papier …. Et puis…… mes prunelles s'élargissent à la lecture de ses quelques mots….

[rp]- A partir du premier mars, je serai en retraite spirituelle. [/rp]

De rage, j’ai tapé de toutes mes forces mon pied droit sur la porte.

- Mais quelle co*** !!!!! Put*** ca fait mal !!!! Bordel !!!!

Les yeux rivés sur ce bout de papier que j'aurai pu lui faire avaler si il s’était tenu devant moi, je saute sur le pied gauche en tenant l'autre dans mes mains dans l’expectative de calmer la douleur. Mais soudain une supposition s’immisce sournoisement en moi en cherchant mon point faible : Depuis le 22 Février je n’ai eu aucune nouvelle de lui, et maintenant.. ça…… Sans aucune explication de sa part, sans un signe, sans date de retour, sans aucune date d'ailleurs, sans.... rien en fait… Je blêmis du résultat en lâchant mon pied…… La faille est atteinte ... Noirs, Impairs et manque…… Les jeux sont faits……. Rien ne va plus......

Non, je ne l'ai pas tué, j'ai fait pire, je l'ai fait fuir...... Comment ? Je n’en sais rien..
Amour..... Amitié...... J’ai un improbable pouvoir de les foutre en l’air.

Sidérée par cette conclusion, je fais chemin inverse. La démarche est lourde de tant de lassitude. Sous mes paupières se profilent déjà d’autres portes, celle d’un couvent.

C’est toujours avec cette idée en tête que je franchis les limites de ma propriété. Trois moutons me suivent de leurs regards absents, je soupire : Non. Je dois d’abord en finir avec les affaires courantes, comme on dit, ce qui signifie que ces bestiaux doivent passer sous la lame de mon couteau avant cela.

Je rehausse un peu plus les épaules.... prendre une décision…….. j’sais bien, j’sais bien ; j’sais bien…… je commence demain….

En franchissant la porte de la chaumière, j’eus seulement envie d’une chose, plonger dans un bain dans l’espoir de virer cette vieille peau de culpabilité. Du coup je m’active : Aller chercher l’eau, la faire chauffer, remplir le baquet, y parsemer quelques gouttes de chèvrefeuilles, retourner jusqu’au puits, re-chauffer l’eau pour re-remplir le baquet….. L’avantage est que je ne pense plus à tout cela mais seulement à des thermes et avec eux se présente l’envie de prendre la route pour Aurillac ou jadis j’en ai profité. Pourquoi pas….

Les vêtements abandonnés sur le sol, j’effleure l’eau du bout du pied afin d’en prendre la température puis satisfaite, les sens en éveil, je laisse glisser l’ensemble de mon corps gracile. Dans un soupir de contentement, c’est tout naturellement que ma tête se pose sur le rebord. Je ferme les yeux. Mes muscles se dénouent. Mes lèvres sourient. Je goute chaque minute de cette délicieuse volupté. Alors je sais…… Dans quelques jours, je partirais, non pas pour fuir, mais dans l'espoir d'en profiter.

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: Jeux, set et match...Noir impair et manque..... Tous les jeux sont faits.......Vraiment plus rien ne va....

Nom.
D'un.
Chien !

C'est ce que je répétais en boucle au sortir du taudis, le soir même ou j'avais couru jusqu'à l'église afin de m'assurer que le pilier était curé.

Nom d'un chien de nom d'un chien !!!!

Ca faisait quoi ? Trois heures ? Trois toutes petites heures de rien que j'avais décidé sereinement de partir voyager en attendant que le curé pilier sorte de son monastère. J’espérais qu'à mon retour il en soit sorti pour que reprennent nos passionnantes conversations entre deux messes et toutes ses fonctions.

Par les Saints Couillons du Pape !!

Moui, ca change.... mais simplement parce que la grogne monte en moi. Il faut dire que ce dernier fauchage en plein vol, là , franchement non, je ne m'y attendais pas.

Tout commença par l'entrée de Push dans le taudis ou je sirotais un verre tranquillou. Déjà, son :

- Vous allez bien ? ou plutôt le ton presque inquiet qu'elle y mit, aurait du m'interpeller. Mais non, j'ai rien capté et de suite après mon :
- Euh, oui, ça va. Et vous ? Elle enchaina sans même me répondre :
- Mais j'ai vu que Marcus avait été révoqué.

Là. Vous la voyez ma tronche ? Les prunelles si grandes ouvertes que l'on ne voit plus que le blanc, le séant sur la chaise, le haut du corps en extension, le visage blême et la voix rocailleuse qui interroge ?

- Révoqué ? comment ça, révoqué ?
- J'avais cru voir que vous passiez beaucoup de temps ensemble.
- Oui, en effet, mais, il n'est pas révoqué.
- Tenez, lisez ce que j'ai reçu ...

Et de me glisser le parchemin sur lequel je lu bel et bien l'impensable...

[rp]Le curé de votre paroisse Marcus_de_la_garde a été révoqué par le Chancelier diocésain.
Olorin. Le choix du nouveau curé débutera demain.[/rp]

Voila, la grogne couva déjà à ce moment alors que je fixe le papier comme pour me convaincre du contraire :
- Hein ?! mais c quoi ca ?
- Je ne sais pas, je viens de le voir.
Je fronce les sourcils, parce qu'avouez, c’était trop gros comme coïncidence quand même ! je quémande, suspicieuse à souhait :
- Vous m'faites une blague hein ?! Cet après midi même, je suis passé a l’église, et il était bien noté qu'il était curé.
Mouais, elle allait pas me la faire à l'envers la m'dame là...
- Allons voir.
Proposa t'elle. Je la pris au mot en opinant de la tête.
- En effet, parce que la, ce serait vraiment.....

Nan mais à d'autre, je ne suis pas née de la dernière pluie, elle veux juste me faire une plaisanterie, nonobstant que je ne comprenne pas pourquoi pensais je tout en me précipitant vers la sortie et en filant en direction de l'église. Push me suivait, mais de cela, je ne m'en inquiétais pas. Non, c'est ce qu'elle fit ensuite qui me dérangea, c'est.... quand devant cette fichue église, elle me pris par les épaules en affirmant :

- Il n'y a plus de curé.

Pendant que je cherchais désespérément partout le parchemin en tapotant les portes de l'église.

- Nan mais, non ! il était la ! c' pas possible ! Affirmais je en tapant de plus belle à l'aveuglette, certaine qu'il avait du s'envoler, parce que ... Je ne suis pas folle quand même ! Et quand enfin je le trouvais, je pus y lire : :

[rp]Curé : Aucun[/rp]

- Mais....... Incrédulité...... moui ou quelque chose de la sorte en tout cas. Soit je virais grave schizo, soit........ Misère je virais grave schizo ???
- Il vous a parlé de quelque chose ?
- Mais non ! je l'ai pas vu depuis un moment !
- Voilà qui explique...
- Je pensais qu'il s'occupait de toussa, de fait. Nom d un chien !

Alors j'ai grogné, parce qu'il faut admettre qu'en trois heures dans une ville ou personne ne sort et ou rien ne se passe, c'est plutôt fort comme circonstance !! ! Et si j'étais en rage contre lui en fin d’après midi du fait qu'il ai rejoint les frangins, j'avais espéré - et plus encore - qu'avec la cure, il reviendrait bien plus vite que prévu. C'est normal non, quand survient des responsabilités, tout change ! Mais à présent que reste t il ? Rien ! Nada ! Que dalle ! Bernic ! Il pouvait y rester des années et des années !!

- Peut être faut il que vous lui écriviez....
Je la regarde sans capter le moindre de ses mots, trop déboussolée par ce retournement de situation totalement impensable, improbable, et tous les " im" que je pouvais y mettre.
- Lui écrire ? demandai je afin que l'information atteigne mon cerveau en décomposition total
- Vous croyez ?
- Évidemment ..
- Vrai que peut être que...... mais....... tsss, j'y comprends rien . En effet, je ne comprenais rien du tout cependant je me ressaisie, ou du moins essayais
- Bien, je vais lui écrire , vous avez raison, mais, je comprends pas, non, je ne comprends vraiment pas.
- Bien sûr que j'ai raison. Vous n'avez rien vu arriver ?

Pourtant, si moi je le savais chez les frangins, elle, ne devait pas être au courant, alors j'insistais
- En même temps, est ce qu'il lira ? parce que voyez .. poursuivis je en lui montrant le parchemin :
[rp]- A partir du premier mars, je serai en retraite spirituelle. [/rp]
- Il est au monastère, de toute évidence. Lira t il ? Aura t il même le parchemin si je lui écrit
- Très certainement, ce qui serait logique. il a certainement eu besoin de réfléchir, se ressourcer. Votre courrier, il l'aura.

J'avais soupiré avant de faire chemin inverse. Une envie de picoler au minima un fut entier pour oublier toute cet embrouillamini. Sur le retour je ronchonnai à part moi, un : y a pas, j'ai un fichu don .avant de dire plus fort :
- Me faut lui écrire
- Oui, écrivez lui , il sera heureux d'avoir de vos nouvelles. Passez lui le bonjour de ma part. Vous avez pensé à aller voter ?
Comment vous dire qu'a ce moment précis je l'ai regardé d'un drôle d'air...
- Non, je n'ai pas pensé a ça
- Ah bon ? Vous savez qu'il y a des Brignolais sur la liste; dont moi.
Je franchis la porte de la taverne dépitée et la tint ouverte pour Push qui souriait quand je poursuivis :
- Moui, surement, mais je ne me mêle pas de politique, je n'ai jamais aimé le pouvoir.
- Mais ça ne vous empêche pas de voter aux comtales; vous aurez une comtesse Brignolaise.
J'ai opiné de la tête juste pour faire dans la convenance, mais n'ai pu résister a lui dire en haussant des épaules.
- Bah, je ne pense même pas rester en Provence. alors...
- Vous voulez déjà nous quitter ?
J'ai arqué un sourcil interrogateur tout en demandant :
- Quitter qui , vous pouvez me le dire ? ici, personne ne sort et ailleurs......... moui, je préfère ne pas y penser

Et puis j'ai laissé coulé... Je ne lui ai jamais dit que je ne voterai certainement pas, ni ce jour, ni jamais en fait; et encore moins à présent. Pourtant je savais pourquoi. J'ai toujours détesté le racolage, et pour le coup, je trouvais, qu’elle avait fait très fort.. Décidément Brignoles n'était pas prête d'entrer dans mon cœur. Trop de chose obscur s'y passait, comme si tout se savait que rien ne se dévoilait et que tout se faisait à couvert et cela, j'en avais en horreur.

C'est bien plus tard, à la lueur de ma chandelle, sur la table de ma chaumine, que je sortis plume et parchemin pour écrire un mot à Marcus. je l'envoyais dans l'espoir qu'au minima, il le lise.

» [Rp : Quintessence de Lalie]