[rp] Thouars : Lieu dit : Bâteloup, une arrivée...

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: ......Dire d’où je venais aurait été bien trop compliqué, aussi j’ai seulement balancé le nom de la ville de Poitiers aux gardes de la porte afin de pouvoir rentrer dans la ville de Thouars. Cette ville je l’avais choisi intentionnellement afin de m y installer, mais depuis que j’avais franchi la ligne invisible de la frontière du Poitou, tout allait de travers.

......A l’entrée de Thouars, les gardes m’ont lorgné de traviole avant d’accepter de me laisser passer. Pitié ou lecture de certains registres ? Je leur ai pas demandé, j’ai juste détalé, enfin …avancée en claudiquant. Je ne suis pas complètement remise. Il est vrai que j’ai une sale tronche, même si les bleues ainsi que la contusion de ma lèvre s’est atténuée. Un aller simple de quelques jours chez les frangines m’a permis de récupérer un brin de santé. Juste un brin… Je crève la dalle. Je n’ai que la peau sur les os. Et pas un rond pour me payer ne serait ce qu’un morceau de pain rassie. Merci le Poitou de si bien accueillir les brigands ... En croiser deux en six jours sur leurs terres me l’avait mis un peu de travers je dois bien avouer, quant à me faire tenailler et emmener de force dans leurs geôles pour raison de vagabondage en plein centre de leur capitale … Y a pas, ils atteignaient les cimes de la connerie dans le coin. J’avais partagé ces tendres réflexions avec les rats de mon cachot puis une fois à l’air libre, j’ai poursuivie jusqu’ici avec rien. Rackettée de 1600 écus, j’avais fait le deuil de ma chèvrerie, et de tout le reste d’ailleurs. Il ne me restait en tête plus que mon plan. Un projet bancal à présent que j’étais sans le sou et dont l’issue restait encore plus incertaine qu’avant. J’avais ruminé pendant ce dernier trajet, sur une nouvelle façon de l’exécuter. Fonctionnerait-il ? Aurais-je même suffisamment de cran ? Je devais la jouer finaude, ce qui était précisément mon opposé. Y parviendrais-je ? Je n’en savais rien, mais je voulais essayer. Je savais les tenants, les aboutissants, cependant il restait encore une flopée de données variables qui reposaient sur de l’incertain et surtout, sur une autre personne que moi. Bref, je me l’étais avouée, j’étais dans la merde.

......Affamée, je pose ma dextre sur mon ventre en trainant la patte. Faire l’aumône ne fait pas partie de mon plan, pourtant j’y ai songé un bref instant en longeant l’église. Finalement je me suis dirigée vers la mine. Piocher mollement pendant quelques heures afin de pouvoir, enfin, savourer un pain salvateur dans un taudis de la ville. Je devais reprendre juste quelques forces, avant de commencer mon plan.

Advienne que pourra …

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: Tout ne fonctionnait pas exactement comme prévu. Non. Rien ne fonctionnait en fait. Certes je n'avais plus aucun stigmate de mes mauvais jours dernièrement passées, mais coté plan, j’étais toujours au point mort. Pire même, j’étais a présent certaine que jamais il n’y aurait même qu’un prémices de commencement. Avais-je minimisé à ce point les données variables ? En vérité, il semble que j’avais minimisé la principale. La présence de l'autre personne .... Oh j'avais entraperçu son dos au détour d'une ruelle, ou encore parfois dans le dédale des mercantis, mais pas une seule fois elle ne s’était retournée et c'est bien cela que j'avais minimisé. Sotte que j'étais, j'avais cru que cette personne me reconnaitrait.

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:

Il était pourtant simple mon plan. L’inconvénient demeurait dans ses données variables. Je les avais bien trop sous estimée.

Le temps s’effrite. Lourdement. Méticuleusement. Il a guéri mes blessures physiques puis s’est arrêté. L’horloge s’est cassée. Le temps est mort. Et moi avec.

Trois semaines que je suis dans cette ville. Trois semaines qui ressemblent à trois mois. Trois semaines de néant. Les données variables de mon plan s’étaient faites toute entière présentes en l’absence de la personne sur lesquelles elles reposaient. J’avais échouée. Une vague pensée de départ m’effleura un bref instant mais le temps me rattrapa, me happa, me mastiqua puis recracha ce qui resta de moi.

Depuis, je m’englue dans l’infini de son vide. Graduellement mon sang se glace en cadence de ce temps qui s’égraine. J’essaie de lever un bras, une jambe mais tout mon être est alourdi, paralysé. Prise au piège, je tente de me débattre. Sans résultat. Au final je respire. Je ne vis pas. Je respire sans exister. Je suis comme tout ce qui m’entoure ; figée dans le marbre. Plus d’envie, plus rien. A quand remonte mon dernier sourire ? Mon dernier rire ? Mes dernières paroles ? Étrangement je ne me pose pas la question. Mon esprit aussi est engourdi. Je suis devenue ce que les marionnettes d’ici ont fait de moi. Une coquille. Poupée de chiffon inerte, inutile, futile et transparente. Vide de toute émotion. Prunelles hagardes, teint blafard. Je ne fais rien, ne demande rien, ne sert à rien.

Que la terre s’ouvre pour engloutir cette ville, cela passerait inaperçu. Voilà. C’est cela Thouars. Ville de fantômes entourée de hautes murailles mais où rien ne bouge. Les ombres qu’ils sont devenus, avancent œillères bien en place afin de ne mirer que leur propre nombril. Ils ne veulent rien voir, ni de qui, ni de quoi. Ici, tout est éteint. Immobile. Aussi froid que ses remparts de pierre. Pas un mot. Pas un bruit. Même le son du marteau sur l’enclume se fait sourd. Rien. Cette ville ne sert à rien. Pas plus que ses habitants. A présent, je suis comme eux.

Alors soudain, dans un dernier élan de survis, la marionnette que je suis devenue se débâtit, arracha ses fils devenus chaines tant elles étaient pesantes puis cria sa rage au milieu de cette campagne.

- RHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA

Ce n’est pas son écho qui me répondit …

Le 8 juillet 1465

Il était pourtant simple mon plan. L’inconvénient demeurait dans ses données variables. Je les avais bien trop sous estimée et j’ai failli y perdre la vie.

Une question avait surgit du passé, avec le cri de mon lent réveil, et eux tous, ou en sont ils ? mais au lieu de leur demander par écrit, j’avais décidé d’aller voir par moi-même.

Par ou commencerai je ? Franchement, je n’en avais pas la moindre idée. Aurillac surement, puis si j’avais suffisamment de courage, j’irai revoir Sub, la bas, à Montpellier, mais rien n’était moins sur. Certaines blessures ne s’effacent pas. Je ne doutais pas de son bonheur. Pourquoi lui gâcher cela ?
Et tout en me dirigeant vers un taudis pour boire un godet et alors que je ressuscitais avec la ferme intention de décaniller, les données variables de l homme invisible se firent soudain …….. étincelle de vie.

J’ouvris la porte.
Il était devant moi.

Assis derrière le comptoir à la place du taulier, dans son taudis ou j’osais à peine entrer.
Il me regarda et me demanda si c’était bien moi qui avait hurlé de la sorte. Je lui répondis par l’affirmative mais lui tus tout le reste. Je lui cachai mon but initial, mes intentions, mon plan bancal. Je ne lui parlais que de la dérangeante impression de me sentir une étrangère inopportune et à quel point cela avait failli me briser toute entière. Je ne songeais plus qu’à repartir d’ici. C’est cela que je lui dis. Et il réagit comme je le connaissais jadis.

En quelques mots il me tendit une main secourable. En moins de temps que celui de dire ouf, il me plaça sur le tabouret de la tavernière et me refila la paperasse du stock de son boui boui.

Alors, pour la première fois depuis bien longtemps, je me laissai porter par ses nouveaux événements tout en lui promettant de rester. Cependant j’y rajoutais une part de marché. Je restais ici seulement si lui-même promettait de passer une fois par jour boire un godet en taverne.

A ce jour il s’y tient encore.

Advienne que pourra …

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

C'est quand les carottes sont cuites que c'est la fin des haricots. Et bilatéralement...

Pierre Dac

Rienafout j'y arrivais pas. J'ai essayé mais ... non; impossible; ici tout est trop ............ lissé....
Mon plan aussi avait échoué. Échec cuisant dans les grandes largeurs. Cela ne m’aidait pas. Inutile d'insister. C’était décidé, j'allais reprendre mes petites affaires et rendre visite à quelques connaissances. Avec moi je trimbalerai une valise un peu plus emplie de regret mais je savais qu'elle s’allégerait avec le temps.

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: *****Allongée, je me recroqueville délicatement sur moi-même. Le sol est dur et froid devant ma cheminée éteinte. Ce n’est pas cela qui m’inquiète quand je rouvre lentement les yeux. Non. À ce moment précis, cela ne m’importe pas.
Là.
Maintenant.
J’essaie juste de calmer les derniers soubresauts de mon corps tremblant. Je sais la manœuvre. Respirer profondément. Lentement. Cela suffira dans un premier temps à calmer ce corps flageolant. C’est le plus facile. Cesser de trembler. Après alors je le sonderai pour découvrir l’ampleur des ecchymoses que ma chute aura laissée. Tout cela est simple. C’est la suite qui sera bien plus compliquée. Elle l’a toujours été.

Je sais pourquoi je suis au sol. Des que je suis revenue à moi, à l’ instant même où j’ai rouvert les yeux ; j’ai compris.
Ça a recommencé.
Comme toujours.
Sans crier gare.
Une nouvelle crise. Il y avait si longtemps que cela ne m’était pas arrivé. La dernière remonte à Montpellier. Y a combien ? Quatre ? Cinq mois ? Je ne sais plus. J’ai perdu la notion du temps depuis que je suis ici. Mais je sais pourquoi elle est venue. Je m’en veux même de ne pas l’avoir prévue. C’est toujours pareil. Le même déclencheur. Il suffit que je pense aux terres maudites de Bretagne et le chaos assiège mon crane. Mais ce jour, un détail est de mise. Ce jour, le flot de mes souvenirs a remonté plus loin que d’ordinaire. Je me souviens avoir sourit à la vue du visage de mon père et cela s’était nouveau. Ensuite seulement ma vision s’est brouillée, mes souvenirs se sont emmêlés, puis se sont accrochés aux pires avec la même puissance que la brillante cruelle réalité. Souvenirs aux arêtes aussi tranchantes que des lames de rasoir.
Oui.
Une nouvelle crise.
Une nouvelle crise, en bien plus fort.
J’ai laissé faire le flot insatiable des souvenirs. Je ne suis plus de taille à me battre contre eux. Je n y parviens plus depuis bien longtemps. Non, ce serait mentir que d'affirmer cela. En vérité, je n'ai jamais réussi à les affronter. Cependant, d’ordinaire, je reste éveillée. Cette fois ci, l’effroi l’a emporté. Ma raison n’a pas supporté de revivre cela. Je les ai laissé faire puis sous l’assaut de leurs coups trop puissants, je me suis écroulée ; là ; devant ma cheminée aussi froide que peux le paraitre mon cœur, mon âme. Contre cela aussi, je ne peux plus rien y faire. Contre cela aussi, je ne peux plus me battre. Mes souvenirs les ont glacés, ils ont gagné. Parfois, en silence, je pris pour qu’un jour, ce soit ma vie qu'ils emportent.

*****Doucement je lève ma dextre sur le haut de mon crane, je plisse le nez en découvrant pourquoi il me lance. Une grosseur de la taille d’un œuf de pigeon a déjà fait son apparition. De l’eau… de l’eau froide… maintenant… avec précaution je me redresse puis me lève. Quelques contusions me rappellent les différentes parties de mon corps. Je passe outre, et enfin je me traine jusqu’au puits.
Faire glisser la chaine du seau me remémore aussitôt d’autres chaines. Je ferme les yeux et crie mentalement : Ne pense pas ! Ne pense pas !! Moitié prière, moitié irritation, où étrangement le fantôme de mes cauchemars qui déjà me souriait avec fiel, se volatilise, je respire profondément puis cherche une autre image, un visage sur lequel me raccrocher, un visage qui saurait me rassurer. Ko, Gwel, Kal, Rob, Sub, Ant, Ali, Ame, Ergo, Merlin, Neville …
Le seau atteint sa destination, je le remonte sans qu’aucun visage n’ait voulu rester. Je ne les blâme pas. J’en ai perdu le droit, il y a bien longtemps. Je mords ma lèvre inférieure presque à sang. Je n oublie pas … je ne suis rien …
Non, tout en me soignant le haut du crane, je n oublie pas que c’est la suite qui sera bien plus compliquée. Elle l’a toujours été. Parce que,
Là.
Maintenant.
Je vais tenter une fois de plus de renaitre à la vie. Tenter de trouver pourquoi renaitre ? Pour qui, pour quoi se redresser ? Et ce jour, je venais de comprendre que ce n’était pas ici que j y parviendrai.

*****Je délaisse le seau, rentre lentement dans ma chaumine, empaquète mes rares effets puisque je sais qu’une fois de plus, je vais partir. Je vais aller voir plus loin… ailleurs…..
La porte déjà se referme derrière mon dos. Au creux de mon estomac, ne reste que le fol espoir qu’une foule vivante me happe afin qu’enfin je puisse voir briller des étoiles au milieu de mon ciel noir. Ainsi, qui sait dans ce paysage, peut être qu’un visage surgira au milieu de ma trop longue nuit et m’aidera à renaitre.
Mes pas lourds me mènent une dernière fois vers un taudis ou j’avais cru … Mon sourire las sur le visage parle pour moi. Je ne blâme plus personne….. Je franchis la porte … mire un instant l’endroit…. Je doute revoir son propriétaire avant mon départ……… Alors…….. un dernier mot griffonné pour un comte :

Merci pour tout, mais cela ne suffisait pas.
Lalie.

Puis sans me retourner, je franchie les hautes murailles de cette ville fantôme ou je ne connais personne, et ou personne ne me connait. Il en est mieux ainsi.

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