[RP ouvert] Les Bains publics

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: Théoriquement, je ne devais que passer. C'était ça le plan. Faire un pas, un second pour au final ne jamais m’arrêter nul part. Plus d'envie, plus d’énergie pour tenter quoique ce soit. Las, dégoutée de bien trop de chose, j'errai sans aucun but ni intention si ce n'est d'avancer. D'autres parleraient de fuite et au fond ils n'auraient pas tord. Mais moi, je ne voulais pas sonder trop profondément tant j'étais certaine de sombrer. Alors je me faisais croire que je voyageais, tout simplement.
Aujourd'hui, si je faisais le bilan de ma vie, il n'en ressortirait rien de bien glorieux. Des trahisons, de l'oublie, de la haine, de l’indifférence, des coups et pire...
Depuis longtemps j' avais conclu être née sous une mauvaise étoile, puis j'ai fini par mettre tout ça sur le dos d'Aristote et le haïr de la même hauteur. Bien sur j'évitai de le crier haut et fort pour ne pas finir sur un grilloir. Quoique.... même de cela depuis peu je m'en moquais. Après tout, que devient- on quand nos amis nous trahissent ?
Je les entends déjà dire que tout vient de mon fichu caractère. C'est ignorer qu'ils en ont une grande part de responsabilité. A force de coups bas, de mensonges, de tromperies, ils ont bafoués ma confiance. A présent je riposte avant même que l'on accoste. Comment pourrait il en être autrement ? Si il est une chose que j'ai appris, c'est que l'attaque est la meilleure défense. Alors oui, je me traine moi et mon sale caractère et personne d'autre.

Dans les rues et ruelles de cette ville, une chose cependant retint mon attention. Des bains....... un luxe pour ma misérable carcasse enduite de poussière. Je ne réfléchis même pas en poussant la porte. J'avais juste besoin d'oublier, de me décrasser, si seulement je pouvais en faire autant de l'intérieur, mais je savais que cela était impossible.

J'évitai le hall, j'évitai les collations, les gens, les bancs, les ménestrels. J'évitai jusqu'au vestiaire pour me réfugier dans la salle la plus chaude. D'une œillade je vérifiai que personne ne viendrait troubler ma solitude avant de me déshabiller. Le bout de mon pied nu provoqua une onde légère quand il frôla l'eau de ce bain, puis délicatement je plongeai mon corps nu dans un soupir de contentement. Je pliais les jambes pour plonger plus profondément et laissais l'eau recouvrir mes cheveux avant de remonter en surface. Enfin les bras reposés sur le rebord, adossée à la paroi je fermai les yeux et tentai , une fois de plus, d'oublier.. d'oublier... d'oublier.

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: J'avais fait un rêve, un rêve éveillé. Je me promenais le long de la grève, la bas, bien à l'Ouest du Royaume. Un bref instant le pâle soleil tiédit mon visage, je fermai les yeux en savourant la quiétude du moment. Sur la falaise, ma manse bravait les vents. NOTRE manse. Mais j’y vivais seule depuis tellement longtemps. L'oiseau semblait s’être envolé en m'ignorant. Il n'y restait plus que mes abeilles dont le miel devait être récolter. Je devais rentrer mais ne parvenait pas à m'y résoudre.
Je pris tout mon temps pour y retourner. Je remplis les pots de miel puis en emportais un dans la taverne. Toujours la même...... dans l'espoir que peut-être l'oiseau s'y montrerai. Je posai le pot , me servis un verre quand la porte s'ouvrit. Je tournai une tête souriante vers elle puis me figeai d'effroi. Je blêmis, je chancelai. Le godet rejoignis le sol dans un bruit mat que les battements de mon cœur recouvrirent. Mon cauchemar se tenait devant moi.... Le sans-nom..

Horrifiée ; je sursautai au milieu de mon bain en recherchant mon souffle. Ma tête se changea en girouette pour scruter autour d'elle. Je dus prendre quelques minutes pour revenir à moi. Personne....... et les terres maudites étaient bien loin ......

Comment ce vieux cauchemar avait il refait surface ? Non. Je ne me posais pas la bonne question. Pourquoi me revenait il aujourd'hui ? Tout ceci est si loin..
Était ce dû au fait d'avoir revu ces chiabrenas de Bretons il y a peu ? Ou bien d'avoir lu les mots de Sub sur ce livre ? Il y parlait de mioche .. J'avais blêmi. M’était revenue en mémoire cette nuit ou je pondis le mien....Puis les souvenirs de sa conception s'étaient enchainés dans une course folle.... alors je m’étais saoulé pour ne plus y penser ..... oublier ses nuits... ses jours... ce mois entier ou le sans-nom avait ravagé mon corps, encore, et encore et encore...... J'avais cru pourtant en avoir terminé de cette histoire... le sans-nom était mort, crevé, saigné, le morveux abandonné devant les portes d'une Eglise avec un seul mot pour toute compagnie , son nom: Arsenic.

Alors ? que m'arrivait il ? Les souffrances je connaissais, les douleurs j'en avais eu mon compte, pourquoi mon ciboulot s'acharnait il à me les remémorer ?

Paumée..... une fois de plus...... comme à chaque fois qu'un infime détail me rappelai ma vie passée et cette fois ci, j'étais seule pour y faire face. Aucune amie ne me viendrai en aide. Oui, cette fois ci, je devais faire front.

Je sortis de l'eau, grimaça en voyant mes pauvres fripes trainées sur le sol et songeai à acheter une robe. Étrangement, cela me fit rire de m'imaginer en robe avec leurs manches pandouillantes... Non, j'avais besoin d'un pantalon, mais hélas ils étaient rares pour les donzelles. Sans autre choix, je renfilai mes guenilles, sortis ma dague de son fourreau et la contempla songeuse. Puis je la rangeai et la glissai contre mon dos. Épuisée par ce bain chaud, je sortis et me trainai jusqu'à une taverne. En tête toujours ce même leitmotiv : Oublier...... oublier..... oublier.... Me restait à trouver comment.......

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: Me décontractionner........ voila, c'est exactement de cela dont j'avais besoin : me décontractionner.....

Faut dire que je m'étais fourrée dans un sacré guêpier et plus j'y pensais et moins je voyais de porte de sortie. Du coup j'attendais un ami. Mouais, vu que lui aussi, je l'avais plongé dans le bourbier sans même qu'il le sache, je n’étais pas certaine qu'il accueillerait la nouvelle avec exaltation et par ricochet, moi même à bras ouvert. En fait j'étais tout à fait sure du contraire même.. Il allait prendre ses cliques et ses claques et se tirer vite fait. Logique .
Mazette, j'avais quand même, un fichu don pour les ennuis... Mais que m'avait il prit ? Tsss, d'sa faute, pas la mienne me rétorquèrent aussi soudainement mes deux neurones à-peu-près valide, fin moui même d'eux je doutais.

Bref, j'avais besoin de passer à l'eau claire toute ma frousse dans l'espoir d'y virer la lâcheté qui en avait suivit. Un bain , ca récure non ? j' m'en va me frotter comme il faut, t'vas voir ça un peu...... Fin pas certaine que cela soit d'un grand effet. Sauf - et là je n’émettais aucun doute - sur les effluves que je dégageais de nouveau depuis peu. Faut dire que les pétoches ça laisse une méchante odeur ; relent acre et nauséabond et depuis que j'étais arrivé ici, ne semblait plus vivre qu'avec elle.

Voila donc pourquoi ce jour, j'ouvris une fois de plus, la porte de ses bains. J'avais élu domicile ici pour eux justement et j'allais en repartir pour pleins d'autres raisons.
Soupirs... Mazette, un don....... Partout ou je vais, je les accumule.......
Je reluque à l’intérieur, évite une fois de plus le hall, les saltimbanques, les collations - oui bon la aussi j'avais donné et encore une fois, pas de mon fait . Tssssssssss fichu bonzhomme ! - les quelques rares personnes présentes, le vestiaire pour arriver direct dans une pièce ou une immense cuve en bois trônait en maitre.
Par-fait.
J'ôte mes frusques qui finissent sur le sol et sans aucune précaution entre direct dans l'eau.
Nouveau soupir mais de ravissement. Pour l'instant je profitai simplement de la douceur de l'eau, ensuite alors, je pourrai me frictionner mais là maintenant..... juste se réjouir de l'instant.
Pchoune dans le coin : Par-fait.

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: Pataugeage terminé, je pris un linge et commençais à frotter, frotter, frotter. Résultat, j'avais tout d'une écrevisse cuite au court bouillon qui se débat pour tenter d'en finir. Comme elle, j'y parvint nullement. Je ronchonnai puis sortis de mon bain. Y a pas, je devais en finir avec ce guêpier et pour cela, me fallait dire la vérité. A savoir comment j'allais y parvenir.......... Je remis mes vieilles frusques , puis pris le chemin de la sortie toute à ma nouvelle résolution.
Advienne que pourra et me semblait que ce serait pas le meilleur......

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

eulalie a écrit:: Ce jour : 17 Février 1465

Hélas pour moi...... le chemin fut d'une platitude exemplaire...Alors une autre ville, un autre taudis, d autres godets....

Aurillac.

J'avais dit que je n'irai pas, sauf qu au final c’était le chemin le plus court pour me rendre en Bretagne. La bas j 'étais certaine que les chiabrenas me finiraient. En attendant je picole...... un godet, un autre......et puis..soudain..... lui.... qui accepte le marché...Ma rédemption par l'épée, que le coup soit propre et sans douleur, c'est tout ce que je lui demande. La souffrance je l'ai trop souvent fréquentée.

Moui sauf que.........

J apprends que c'est un nobliau..... encore un de ceux dont j'ai horreur...... ca pullulait dans ce fichu royaume, y a pas.....Aussi hors de question que ce soit un de ceux la qui me trucide......Et puis......

Alizea........

Pourquoi donc l'ai je écouté ? Je n en savais rien mais elle se cramponnait à ma vie plus que moi même et quand la proposition d'un bon bain fut faite, je me souvins......... Oui..... ici..... j y étais déjà venu ...... Vu l odeur peut engageante que je peux humer de moi même, - a croire que rien que la pensée de la mort laisse son odeur..... une odeur acre et rance..... - je n'avais pas trop d'autre choix que d y passer. Ce que je fis.....

Comme la fois précédente je longeais les murs, évitais quiconque, pour enfin me retrouver à poil dans ce bain aux odeurs enchanteresses.
Dire que j y trouvais la sérénité serait mentir. Non je n y retrouvais que ma couleur de peau. Dire que les arêtes de ma plaie béante ne me cisaillaient plus comme des lames de rasoir, serait la encore mentir..... Et alors, soudain penser que demain d autres seront dans cette ville, Je m'affole, jambes en guimauve, teint blêmissant, non je pouvais pas rester dans cette ville plus longtemps.

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Shame a écrit:: Pleine Nuit où le Temps est Suspendu Pour Penser à Vous, si prés et si loin

Un passage furtif. Comme bien souvent ses temps-ci. Il reprend une vie d'ordinaire. Et cet ordinaire a un goût différent. Une soirée en taverne où bonne ambiance, humeur et même conte raconté furent au rendez-vous. Là où depuis plus d'un mois, tout lui semble humanisé, accessible et agréable. Une chose que le Jeune Homme avait perdu depuis des années. Cela n'avait rien à voir avec son statut, ses activités et fonctions, ses rapports avec autrui ni sa sociabilité et sa personnalité. Il est comme tout le monde sauf qu'à force, d'être "Diabolisé", possible qu'il est finit par y croire et tout faire pour le faire et s'en amuser. Un peu comme un pied de nez. Mais comme les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, sans doute, que de renouer l'exploit trop souvent, aura finit par lasser. Y aurait-il du sérieux dans tout ça ? Comme se prendre au sérieux dans un Monde où rien n'est fait pour l'être et plutôt à se gausser de ce qu'il est.

Besace en travers de son torse, Shame a une nouvelle vocation, qu'il prend au sérieux dans la mesure du possible. Une opportunité qui lui fait grand bien entre voyage et rencontrer du monde. Entre deux pauses de son travail. Et ce besoin d'être si proche et si éloigné à la fois qui lui fait ressentir cette envie toujours décuplée par ce manque, cette absence. C'est excitant et troublant. Et pour en calmer des ardeurs soudaines, il se dit qu'un bain serait l'idéal pour se détendre et évacuer tout ce stress corporel, en chasser les prémices à chasser.

Une entrée pour longer les couloirs, et se laisser guider par la moiteur de l'ambiance nocturne, où, il est facile, de se repérer. Des lueurs de bougies en reflets sur les murs et sur l'eau. Tout est à l'image d'un Paradis naturel entre quatre murs. Une oreille tendue, à cette heure-ci, il ne peut être que seul. Cela lui rappelle son Palais à Périgueux, qu'il a abandonné comme tout ce qui lui appartient en Périgord. Pour l'instant. Un vide se fait en lui, sa mémoire efface tout ce qui en a l'attrait, et, c'est si bon, d'être 'un autre, ailleurs, pour d'autres circonstances.

Bottes, pantalon sont pliés sur un banc. La besace posée sur la margelle à proximité et une serviette vient entourer sa taille en sarong. Un trempage d'orteils pour mesurer la température de l'eau, puis s'en éloigne pour jeter un oeil par une des portes fenêtres, les yeux plissés pour chercher à deviner l'extérieur dans la nuit noire. Seul son reflet se renvoie et d'une main en visière, il colle son visage contre, pour ombrager la partie de ses yeux et cela marche. Rien ne lui traverse l'esprit. Le Jeune Homme aura bien besoin que ses nuits lui portent conseils. Il n'est pas pressé. La nuit sera longue encore jusqu'au lever du soleil. Entre découvertes de l'inconnu et des inconnus dans sa nouvelle vie et l'envie de ne pas ou plus rencontrer tout ceux et celles qui ont fait son passé. Il semble basculer dans une transition quelque peu illusoire.

L'Animal se connait assez pour espérer qu'il va vraiment vivre une autre vie. Ce qu'il a bien faillit et tenter à maintes reprises, en vain. Il s'accroche, se raccroche. Pourtant, il sent que si y a une semaine, tout serait possible, à cette nuit-là, une appréhension l'envahit. Petit à petit au fil des jours. Il prie. Pour que ce qui lui donne la force de tenir soit assez puissant, fort, pour avoir une suite et comme il l'aimerait, l'espérerait. Son sourire apparait en renvoie dans la vitre, sa tête se baisse, pour un battement de paupières, et, il se déplace vers le bassin pour faire tomber la serviette autour de taille et entrer dans l'eau au fur et à mesure.

Le bien être l'envahit. Bon sang qu'il aime bien cette sensation autour de son corps. Envelopper, si agréable d'être choyé autant, d'être si bien chouchouté, et détendu. Il s'installe, debout, dos contre le mur et la margelle, pour se baisser, se maintenir par les bras au bord, puis de se laisser flotter. Tête en arrière, les yeux fermés, dans ce silence parfait. Ses jambes bougent avec naturel, son tronc léger, et toute sa masse corporelle n'est plus qu'une plume au gré du vent. Parfois, cela lui fait du bien d'avoir cette sensation d'apesanteur. Il n' a rien changé à son emploi du temps, bien au contraire, les exercices ont redoublés, l'endurance nécessaire pour tout évacuer, une nouvelle préparation physique et mentale.

Une autre approche de ce Monde. Perdu ou non dans ses pensées, tête baissée pour rêvasser, c'est l'instant parfait. De cet instant où rien ne vient troubler son besoin de se retrouver tout seul. Il aime. De temps à autre. Puis il laisse plonger la tête sous l'eau pour remonter aussitôt. Cette impression d'immersion et de sentir son crâne mouillé, les gouttes énormes déferlaient sur son visage, suspendues à ses longs cils noirs, et chaque trait, chaque forme et courbe. Cela notion de flotter et que tout glisse sur lui. D'une main vient caresser son visage mouillé.

Lointain, absorbé. Tout au ralenti dans ses gestes, il tire la besace vers lui. Il sort son nécessaire à écriture, plume, encrier et parchemin pour aimer ce rituel épistolaire. Cette mesure nécessaire presque vitale d'être en contact alors que la distance sépare autant. Autant Shame est ce qu'il est. Autant il a un don et des sens particuliers. Ou il lui arrive d'aimer les perdre. Dans l'espoir que cela ne l'anéantira pas. Un doux euphémisme où ce qu'il attend est une passion ravageuse. Il partirait surement aux premières lueurs de l'Aurore, pour un tour à l'Eglise. C'est dans son rituel.

Personne n'est parvenu à le détourner de ses convictions religieuses ni coutumes étrangères. Parce que peu les connaissent. Et c'est bien mieux.

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: Le 25 mars 1465

.....................…..Et puis ..
…….…..Les ténèbres s’éclaircirent.

………..Je ne longe pas les murs, je parcoure la rue entière avec allégresse. Je ne baisse pas la tête, je la maintiens honorablement sur mes épaules. Je ne courbe pas le dos, je le redresse dignement. Je ne cherche plus mon air, je respire à plein poumon.
Depuis la veille au soir très tard, un sentiment de sécurité m’enivrait et tout en me dirigeant vers les bains, je m’interrogeais : depuis quand n’avais je pas ressenti ce sentiment. Ma mémoire avait fouillé aussi loin qu’elle le pouvait, elle n’en avait pas trouvé de trace. Ce n’était ni à Grandson, Marseille, Carcassonne, Toulouse, Saint Liziers, Pau, Bayonne, Mimizan, Bordeaux, Périgueux, Limoges, Bourges, Troyes, Avranches, Fécamp, chez les Tastevins, encore moins en Bretagne et surtout pas à Montpellier, quand soudain je sus …
Labrit … Une forge …

………..Celle où après le travail au champ, je retrouvais mon père qui officiait en tant que maréchal ferrant et forgeron. J’avais douze ans, pour calmer le cheval qu’il ferrait, je caressais sa noble encolure baie, mais cette fois plus qu’une autre, dans son simple sourire qui me remerciait j’avais déchiffré, la fierté qu’il me concédait, la confiance qu’il m’accordait, l’admiration qu’il m’allouait, la tendresse et l’amour qu’un père portait à sa fille. Mon propre sourire se rehaussa autant que ma tête, mon cœur exalté débordant d’amour filial. Quelques mois plus tard, il reçut un violent coup de sabot dans la poitrine, son cœur cessa de battre en emportant ma fierté, ma confiance, mon admiration, ma tendresse et l’amour. Mon monde alors changea sous la servitude de mon austère mère.

………..Je m’adossai à l’un des murs d’une manse pour ne pas chanceler sous l’assaut de ce coup mental. Si je n’en avais pas prit garde, j’aurais pu ployer sous son choc brutal. Je posais ma dextre sur ma poitrine puis d’un coup d’épaule me redressait pour poursuivre jusqu’à pousser la porte des bains. Je n’y venais pas par hasard.
Les lieus n’avais pas changé, moi si. Je progresse lentement, démarche délicate en admirant la féérie de l’endroit, loin du mur, je ne suis plus une souris paniquée d’être prise au piège. Je marche sourire extatique sur les lèvres, prunelles grises reflétant une certaine exaltation, mes pieds donne l’impression d’effleurer le sol. En tête, l’allégresse de ma soirée me transporte. L’Euphorie d’une promesse faite …. Une ballade sur le dos d une jument, sous le clair de lune … moi …. J’en avais vu leur arrière train et leurs crottins plus souvent qu’à mon tour lors de mon labeur au champ, quand ce n’était pas des bœufs qui tiraient la charrue et cette nuit ... cette nuit ... sous la lune que j'aimais tant .. avec un animal si noble ... j'avançais comme dans un rêve.

………..Depuis la veille, tout semblait avoir retrouvé des couleurs, des odeurs, de la saveur. Il n’avait suffit que d’une banale entrevue. Celle d’un homme qu’ordinairement j’aurai ignoré pour ne pas dire rabroué et méprisé. Celle d’un chancelier… Ce jour encore je restais abasourdi qu’une telle personne prenne le temps de me parler sans aucun mépris, ni arrogance, mais comme un homme l’aurait fait avec une dame. Une dame…. Moi qui me considérait moins que rien, seulement deux jours plus tôt .. Il n’avait fait aucun commentaire déplaisant sur mon parler, mon … fumet, pas plus que sur le fait que je sois assise par terre devant l’âtre à contempler les flammes, pourtant … un chancelier… Je n’avais pas comprit sur le moment, pourquoi je m’étais comporté autrement qu’à mon habitude. Je l’avais laissé se présenter jusqu’ a même se poser à ma hauteur. Ce jour pourtant, j’en avais eu la révélation et devant le bain fumant qui n’attendait plus que moi : je savais.
Son calme, sa droiture, sa dignité tranquille, son attention sans intrusion, sa franchise, son honnêteté, sa sérénité, sa douceur jusqu'à l'odeur si suave et particulière des écuries, c’est tout cela qui m’avait fait accepter son parler si étrange, ses manières de noble. A ses cotés je m’étais senti en sécurité, comme jadis je l’étais auprès de mon père. A ses côtés; je me sentais ... quelqu’un.

………..J’ôte mes bottes, les place contre le mur, puis avec lenteur, me déshabille. Ma chemise retirée, je la plie consciencieusement pour la déposer sur le banc. Mes braies rejoignent le sol, je les enjambe délicatement. Ma dextre tire alors naturellement la boucle de la sangle qui ceinture ma cuisse droite. Je l’enlève, et retient le fourreau où ma dague repose. Puis braie, sangle, fourreau et dague, rejoignent ma chemise en un tas soigneux. Alors seulement, je me tourne vers le bain, apprécie les arômes en respirant profondément avant de le rejoindre.
Mon cœur débordait d’impatience et d’émerveillement, telle une enfant attendant le plus beau des cadeaux jamais promis. Cependant c’est avec sérénité que je plongeais dans les eaux limpides.
Avec lenteur, presque religieusement, j’effaçais les traces de ses derniers jours. Chaque passage du linge me troublait. Tel un serpent, j’avais l’impression de changer de peau, de muter, de redevenir … quelqu’un. Avec soin je nettoyais mes longs cheveux qui ruisselèrent sur mes reins puis restait un long moment adossée contre la margelle du bain, les prunelles fermées, la sérénité coulait dans mes veines.

………..Ce n’est que bien plus tard que je sortis de l’endroit, la peau fripée d’avoir si longtemps trempée. Le soleil se couchait, l heure approchait, la paix m’enivrait , l'impatience aussi.

…….................................................................…..La promesse d'une nuit
……..........................................................................…..magique .....

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

“Le hasard, c'est Dieu qui se promène incognito.”
Albert Einstein

...........Et je les enchainai.. Le premier eue lieu dans les rues de Limoges. Celui la, je ne l'avais vraiment pas vu venir. J'ai passé l'épreuve tant bien que mal. Pour faire simple, j'en suis sortie vivante, ce qui est déjà pas si mal.

...........Le second fut dans la ville de Tulle... La, il me fallu quand même deux secondes avant de rire de ma stupidité de croire que la personne qui entrait dans la taverne où je picolais, était moi. Comment cela pouvait être puisque j'étais assise sur cette chaise ? J'ai du me frotter les yeux plusieurs fois également, devant l'effet de l'incroyable. Vrai j'avais l impression que quelqu'un avait posé un miroir devant ma trogne... Parce que là, juste devant mes mirettes qui s'écarquillent se tenait exactement la même tête ! Tout pareil, jusqu'au moindre détail... ' fin.... j'ai pas regardé son cou, trop abasourdie par cette improbable ressemblance. Père où mère auraient ils forniqué ailleurs ? Je m'interroge aussi, même si la donzelle me semblait bien jeune.. J'ai mis un bout de temps avant de retrouver mes esprits, et ceux qui sont entrés par la suite, ont bien eue du mal aussi. Du coup, nous avons parlementé un bon moment. Tout ça m'a permis d'oublier les affres de la veille, ce qui, en soit, était plutôt bien. Ensuite j'ai poursuivi jusqu' ici. J'avais bien spécifié à Robin, dans un très court mot concis : "Toi ! Pas bouger !" et il avait écouté.

...........Quelles retrouvailles ! Entre rires, embrassades, enlacements et palpitations du cardiaque si léger et heureux ! Sans oublier les godets, va sans dire.. Au fur et à mesure de notre long échange, nous avons commencé à envisager les jours à venir, enfin... surtout moi... et il accepta l'invitation de cheminer ensemble. Je lui ai dit la destination sans entrer dans les détails du pourquoi, restait à définir le trajet. J'ai sortie ma vieille, trop vieille carte trouée par endroit, et vrai que sans passer par Limoges, nous n'étions pas rendu.... J'avais soupiré aux souvenirs des tricornes... 'fin... non, d'un seul; les autres ne me dérangent nullement en vérité. Jusqu'ici, je n'ai vécu qu'avec lui en tête, c'était plus fort que moi. Pour l'oublier, je me suis planquée dans des couvents divers et variés, j'ai parcourue un nombre de lieues incalculables **avec tellement de brumes au fond de moi. Je suis entrée dans tant de tavernes de passage ou y a que des gens de passage; ça riait, ça gueulait, ça bricolait, ça buvait, ça jouait, ça rigolait, Oui mais.... y avait rien derrière les visages, y avait pas d'oreilles, de message; alors je parlais à mon verre; qui savait comprendre et se taire....** mais là j'en ai assez; bien que je sais pertinemment que je ne pourrai jamais l'effacer. J'ai oublié, jusqu'à l'idée de l'oublier. Il est toujours présent, le restera, mais je ne veux plus le voir physiquement. Affaire classée à ma façon... D'ailleurs cela a bien fait rire Robin quand je le lui ai dit, mouais, il n'y croyait pas du tout. Devant son pessimisme non dissimulé j'avais grogné - évidement - mais ma petite voix intérieure elle; avait joint son rire sarcastique à celui de Robin. Puis vint le moment de vaquer à nos propres occupations chacun de notre coté. Robin avait promis faire un labeur, du coup, j'ai pensé de suite aux bains....

...........Ce lieu ne m'est pas inconnu. Je l'ai toujours apprécié, c'est donc presque religieusement que je pose ma dextre sur la porte. A peine ouverte que déjà l’arôme d'huile de jasmin enivrent mes sens et vient poser un sourire d’apaisement sur mes lèvres. J'entre ici comme l'on rentrerai en chapelle. Aussi....

...........Saisir une serviette, m'enquérir d'un possible thé à la menthe, ou d'une tisane puis d'un pas délicat effleurant à peine le sol, suivre la danse sensuelle du chatoiement des bougies sur les murs de torchis caramel. Entre mi-clarté et mi-obscurité, poser ma besace sur le banc de bois sans quitter des yeux les flots prometteurs de bienfaits et respirer, respirer les effluves à plein poumons à m'en faire tourner la tête, sourire béat sur les lèvres. Dieu que ces bains m'ont manqué dans les couvents.... Lentement, ôter bottes et ceinture que bientôt houppelande et braies rejoignent au sol. Draper la serviette autour de mon bassin, plier la vêture et la placer au coté de la besace, puis enfin s'approcher du bassin. Admirer le reflet du scintillement des chandelles sur l'onde tout en l' effleurant du bout de mon orteil pour en tester la température. Laisser alors glisser la serviette et lentement, descendre une à une les marches pour m'immiscer dans le bassin. Caresser la surface de l'eau du bout de mes doigts, ressentir l'eau épouser mon corps à la perfection puis, enfin, en pliant simplement les genoux, immerger ma tête. Se redresser, laisser ruisseler l'eau de ma chevelure sur mes flancs, et m'allonger bras en croix , fermer les paupières et me laisser porter. Oublier le temps, l heure, juste profiter de cette allégresse à m'en enivrer.
Simplement vivre l'extase.

Code:: **Merci à Pierre Bachelet
Chanson, C’est pour elle**

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

...........Volupté........Sourire extatique sur le visage, je profite de l'instant. Senteur enivrante du jasmin à chaque inspiration, vision hypnotique du scintillement des chandelles sur les flots, saveur sucrée du thé bu avec lenteur; caresse de l'onde sur la peau et silence assourdissant salutaire. Je suis restée ainsi un long moment, le mental enfin sur pause, juste à profiter de l'instant, jusqu'à ce que le bout de mes doigts fripé demande grâce. Sortir alors en se promettant revenir des mon retour. Se rhabiller puis revenir à la civilisation et prendre la décision de tout dire à Robin du pourquoi ce voyage, et seulement là, lui laisser le choix en toute connaissance de cause. Alors retourner en taverne pour attendre son retour.

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