[Rp] Forêt de Rohan

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: Enfin !
Je venais de terminer mon labeur dans le champs d'un parfait inconnu et je pouvais à présent m'occuper sérieusement de la raison principale de ma venue à Rohan. Enfin.. une des raisons, l'autre étant ce fichu repas ou j’espérai filer à l'anglaise malgré mon "chevalier servant", sus nommé David. Quoiqu'il en soit, pour l'heure j''empruntai le chemin qui menait vers la forêt. Rohan avait ce grand avantage sur les autres villes de Bretagne que je connaissais. Ici, pas d'étendue salée, pas d'air iodé, et surtout plus cette impression de nager à l'air libre dans le sel à longueur de journée ! Nan mais c'est vrai, c'était pas pensable à Kastell, même l'air qu'on respirait me paraissait bin salé.. et le pire de tout, était que ça ne leur suffisait pas. Non, en plus il en rajoutait dans leur assiette avec leur fichu beurre salé ! Z'étaient fols dingos les Bretons parfois.. nan souvent en fait à bien y réfléchir.

L'hivers se terminait doucement, trop doucement à mon gout en vérité. Ma terre natale me manquait cruellement dans ces moments là et c'est en grognant contre ce temps toujours humide de Bretagne, que je relevai le capuchon de ma capeline au plus haut sur ma tête et serai un peu plus le col contre mon cou. En tête une seule chose : trouver des essaims sauvages pour les rapporter à Kastell. Le Grand Duc comme la Duchesse ne s'en souciant apparemment guère, j'en avais passé outre toute demande. Ouais, bon j'avais aussi prier intérieurement Aristote, vu que je n'avais pas spécialement l'envie de me me retrouver au milieu d'un bûcher pour pillage de ruche. C'est donc d'un pas a moitié rassuré que je filai en douce vers les bois, si tant est qu'on le puisse, vu qu'à mes cotés se tenait Eucalyptus - étalon à la robe noire - qui lui même tirait une charrette. Bin j'allais pas porté les essaims sur mon dos hein ?! Vagues oeillades à droite, à gauche. Pchoune, j'entre dans le bois, rênes en main.

J’avançai à pas feutrés, comme on remonte l'allée d'une église, d'une chapelle, mais ce n'était pas de la peur; non, la foret avait toujours un effet apaisant sur moi. A peine une dizaine de mettre plus loin, je stoppai ma marche, fermai un instant les yeux pour m’imprégner de cette quiétude, relevai le nez sur les alentours et respirai à plein poumon cette odeur d' humus et de champignons qui m'enivrait. L' ouïe à l’affût du moindre bruit. Là, le grincement d'un arbre, plus loin la cognée des bûcherons, ici une pie répondant au merle quand Eucalyptus me refila un coup de naseaux dans l'épaule qui me sortit de ma béatitude.

- Oooh ça va hein ?! On n'y vas ! Tsss Grognai-je après lui en reprenant ma marche.
- Bon, des z'essaims... Soupirai-je en scrutant plus attentivement les arbres qui m'entouraient. Une chance qu'en ce pays personne ne n'en avait cure, j'étais pratiquement sure d'en trouver rapidement quelques uns. Et justement.. Je stoppai l'étalon. Sur notre droite, un tronc bancal où des abeilles avaient élus domicile. Je me grattai la tête quelques instants, en me demandant comment j'allais m'y prendre. Puis soupirai fataliste en m’apercevant qu'en vérité je n'y avais pas vraiment pensé. N’empêche que sous mes yeux un premier essaim prometteur de miel et surtout de cire pour fabriquer mes chandelles me faisait les yeux doux. Les enfumer ? Bin elles allaient toutes crever à coup sur . Débiter l'arbre ? Ouais, sauf que j'allais détruire mes muscles mais pas l'arbre.. Et merdoume! Pourquoi avais je dis à David, que je le ferai seule !
Je soupirai un peu plus rageuse, puis d'un pas lourd me dirigeai vers la charrette et prit la hache qui rejoignit aussitôt... le sol.

- Corne de bouc ! C'est lourd c'machin ! grommelai-je en la prenant des deux mains. Je marchai à présent en crapaud, la hache navigant dangereusement à droite et à gauche. Et il fallait en plus que je coupe un arbre.. çà me promettait du plaisir..

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Mortsubite a écrit:: Ma première nuit passée dans l'enceinte de la ville fut fort réparatrice. C'est donc, avec des traits moins tirés que la veille, que je descendais les marches de cette auberge accueillante, il faut bien le souligner.

Formules de politesse envers la propriétaire, petit déjeuner partagé en sa compagnie... Qu'il faisait bon vivre à Rohan!

Frais comme un gardon et ventre rebondi à souhait, je me décidais donc à m'activer un peu. Ce n'était pas tout cela, mais la monnaie dans ma poche ne sonnait, ni ne trébuchait plus vraiment. Il allait falloir se remuer, histoire de ne pas crier famine à la fourmi ma voisine.

Le problème qui se posait maintenant résidait dans l'activité à mener. Que faire?

Bien sûr, je pouvais aller à la mine ; mais bon, j'en avais soupé de cette suie qui colle à mes poils, de cette noirceur complètement castratrice d'imagination, de ce ciel qui vous tombe sur la tête, de ces petits chefs qui passent leur temps à épier vos moindre faits et gestes...
Et mes cystites ?? Personne n’y pensait à elles. Le grand timide que je suis ne demande pas toutes les heures aux chefs à aller au petit coin, alors forcément…..Et puis, si au moins ils prenaient en charge les consultations chez le médicastre, mais même pas ! Enfin, la conclusion était simple: plus de mine !

Par conséquence, fin énervé par cette réflexion intérieure, j'embarquais mon arc et les quelques flèches que j'avais taillées la veille et je décidais d'aller comment dire.... braconner?

La forêt toute proche appartenait certainement à un seigneur ; mais bon... il n'était surement pas à un ou deux chevreuils prêts. Et puis la charmante tavernière que j’avais croisé tard dans la nuit m’avait préconisé d’aller y jeter un œil. Il ne m’en fallait guère plus pour que mes pas lestes m’amènent sur les chemins de terre pénétrant la grande verte.

Arc armé, j’avançais donc à pas de loup, me tapissant dans les fourrés en m’éloignant de plus en plus de la lisière. Par chance quelques minutes à peine passées, un buisson bruissa. L’animal devait déjà avoir une certaine envergure. En le contournant, il devrait être acculé entre ces grands troncs. Il était fait comme un rat !

Pas eu le temps de le prendre à revers qu’il se mit à détaler comme un lapin. Un magnifique faon qui venait de prendre la poudre d’escampette sous mes yeux interloqués.

Et pour cause… Eulalie … hache en main, était en train de faire fuir toute la faune environnante à coup d’insultes envers son canasson.

Surgissant telle une furie, babines retroussées j’éructais immédiatement contre l’insouciante : Heyyyy ! Tu comptes vider la forêt de tous ces habitants toi ???!

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: Entièrement absorbée par ma tâche, je tentai dans un premier temps de lever la cognée de ce fichu outil quand :

- Heyyyy ! Tu comptes vider la forêt de tous ces habitants, toi ???!

Je me pétrifiai sur place en proie à la torpeur, incapable du moindre mouvement.Dans mon crane, les flammes de mon bûcher se mirent à danser. Je perdis l’ouïe. Le silence m'entoura. J'ouvris la bouche pour trouver l'air manquant. Je passai la langue sur mes lèvres, impuissante de parole. J'avais perdu ma voix, elle était là, quelque part, sans que je ne puisse la trouver et si bien même ce fut le cas, c'est le souffle qui m'aurait manqué. Mon cœur se mit à battre une chamade désordonnée. Je crus qu'il allait sortir de ma poitrine. Il résonnait aussi fort que les cloches de l'église les jours de messes et devait s'entendre à milles lieues à la ronde. En tout cas, moi je n'entendais plus que lui. Mon teint suivit le même chemin et je blêmis en lâchant la hache qui retomba lourdement sur le sol. J'allai défaillir. Personne ne pouvait se relever de cet assaut. Alors je tournai lentement ma tête apeurée vers la voix et regardai ma mort en face.
Elle se tenait juste là, à quelques mettre à peine, visage connu tenant un arc en main. Avant mon ouïe, ce fut mon sang que je perçus. Il afflua dans mes veines et vint rosir mes joues, mon cœur s'en trouva contenter et se mit à battre plus régulièrement. Il me fallut encore un moment cependant, avant que mes deux neurones ne fassent la jonction. Je déglutis difficilement, ma gorge encore asséchée par le coup de l'émotion puis battis plusieurs fois des cils et retrouvai un semblant de voix. Je croassai un :

- Sub ??! autant ahurie qu’irritée. Je raclai ma gorge avant de lui rétorquer plus clairement :

- C'est comme ça que tu t'amuses depuis que t'es sorti d' chez les moines ?! A foutre la trouille aux donzelles ???!! J'ai cru ma dernière heure sonnée ! Nom d'un chien, t'en a p'tete rien à faire, mais j'ai pas spécialement envie d' finir griller, moi ! Et là, j'ai vu les flammes danser sous mes yeux ! Corne de bouc, tu mériterai un coup d' pied dans ton p'tit cu. d'abrutis ! m’exclamai je en m’avançant vers lui d'un pas rageur, ma botte droite me démangeant vivement. Je me postai devant lui, les mains sur les hanches, et le mirai de haut en bas en poursuivant :
- Alors, tu viens y faire quoi ici, ?! Et t'as intérêt a m' donner une raison valable ! Remarques si t'en a pas, j' peux t'en trouver une , tu va débiter c' t' arbre, et j' vais t 'regarder faire ! Ouais, c'est même une très bonne idée , et inutile de revendiquer en fait . C'est ça où mon coup d' pied dans tes fesses !

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Mortsubite a écrit:: Sa tirade fut longue à venir... pour une fois qu'elle n'avait pas réponse immédiate, je m'en délectais, affichant un vilain sourire provocateur sur mes lèvres.
Jusqu'à... sa contre-attaque?

- C'est comme ça que tu t'amuses depuis que t'es sorti d' chez les moines ?! A foutre la trouille aux donzelles ???!! J'ai cru ma dernière heure sonnée ! Nom d'un chien, t'en a p'tete rien à faire, mais j'ai pas spécialement envie d' finir griller, moi ! Et là, j'ai vu les flammes danser sous mes yeux ! Corne de bouc, tu mériterai un coup d' pied dans ton p'tit cu. d'abrutis !

C'était de sa botte qu'elle me menaçait encore? Pour sûr, ça devait être son unique moyen de communication. Sans le vouloir je venais de faire un pas en arrière, aïe... En prenant presque instantanément conscience, je m'avisais à vite reprendre position.
L'effet de surprise passé et arquant un sourcil amusé, je la regardais gesticulant, battant l'air sous mon nez et s'époumonant.

- Teu, teu, teu, teu teu... Je me devais de stopper le moulin qui débita pourtant à nouveau:

- Alors, tu viens y faire quoi ici, ?! Et t'as intérêt a m' donner une raison valable ! Remarques si t'en a pas, j' peux t'en trouver une. C'est ça où mon coup d' pied dans tes fesses !

L'énervement grandissait en moi, tout comme ma voix qui montait dans les graves:
- Minute papillon! Il s'agirait peut-être de remettre les choses à leurs places: la trouille c'est toi qui l'a foutue, à mon gibier si tu veux tout savoir. A hurler, de la sorte, comme une dératée... Alors, tu ferais déjà bien de baisser d'un ton et de ranger tes bottes crottées!

- Tu va débiter c' t' arbre, et j' vais t 'regarder faire ! Ouais, c'est même une très bonne idée , et inutile de revendiquer en fait .

Manquant de m'étouffer devant son toupet manifeste: Parce que tu penses que MOI, j'vais t'aider à abattre cet arbre? Mais alors là, tu rêves belle dame!

Avant d'ajouter pour enfoncer le clou en la pointant du doigt: Par contre, TOI, tu me dois bien l'équivalent de cinq repas de viandes! C'est qu'il était charnu à souhait le bestiau que tu viens de faire fuir! J'en avais déjà l'eau à la bouche!

Cinq repas c'était un peu abusé, certes, ou bien pour des estomacs de moineaux.Il n'empêche qu'il fallait s'attendre à une dure négociation et que mon salut résidait dans l' an ti ci pa tion...

Contemplant quelques secondes son visage hébété, j'arborais un sourire malicieux avant de tenter le coup de grace: Tu comptes t'acquitter quand, de ta dette?

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: Je l'écoutai, je grognai , je ruminai puis.... pouffai avant de lui répondre tout à trac :

- Ah bin l'est beau l'chasseur oui ! Il aime la faune, fait que d'en parler, mais la faune le lui rends pas, apparemment ! Je retournai vers mon arbre, ramassai ma hache, m'appuyai sur son manche, puis persistai en le mirant d'un œil aussi amusé que ma voix :

- C’était quand même bien essayé ! Ça manque d'imagination pour sur; mais pas d' culot ! Ah oui par contre c'est raté hein ?! Nan mais j'te jure, faire passer la fuite d'un gibier sur mon compte plutôt que sur ta maladresse, bien voyons ! Je reposai mes deux mains sur la hache puis poursuivis : Donnant, donnant, t'oublies la dette qu'en est pas une - soit dit en passant - , je laisse mon pied et j'garde même la hache. Par contre, pour toi, j'vois plus qu'une chose que tu puisses faire sans encombre dans l'coin : la flore ! Essaies toi dans le ramassage des simples. Un truc de moine. Ça ne te changera pas beaucoup et puis... pas b' soin d'arc, ni d' flèches, et encore moins d’habileté. Normalement tu devrai t'en sortir. Quoique.. Ricanement de ma part quand je persiflai :

- d'ici a ce que tu choppes un tour de rein de t’être trop baissé.

Je relevai difficilement mon outil, l'abatis mollement sur le tronc sans réussir à en faire une seule entaille. Seule l’envolé de moineaux aurait pu éveiller quelques soupçon, sur ma présence. Rapide œillade vers Sub qui y arriverai surement en deux temps, oui mais.. même en lui demandant gentiment, j'étais certainement qu'il lèverai pas le petit doigt. Enfin, c'est surtout qu'il n'aurai pas le même concept de la gentillesse que moi. Je soupirai en reposant la cognée au sol. David s’imposait.

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Mortsubite a écrit:: Le jeu se terminait... Le matador n'avait rien achevé du tout... ni taureau, ni même la petite mouche qui l'ennuyait à tournoyer autour de lui. La faune décidément ne lui réussissait pas, il fallait s'y résigner...

La cueillette donc... pourquoi pas? C'est qu'il n'était pas obtus le brun, bourru surement, mais pas obtus...

Arrachant la hache des mains de son amie, il abattit l'arbre en quelques coups de reins secs et puissants, de rage. Reposant l'outil au sol, il sourit à Eulalie avant de tourner ses talons.

Vexé peut-être, touché par ses propos certainement. La vérité serait-elle douloureuse lorsqu'on la touche du bout des doigts? Décidément, cette journée n'était pas à compter parmi les meilleures...

Ce sera donc sans viande ce soir... Alors, à la soupe! La bonne fin de journée à toi!

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: Ahurie, impressionnée aussi il faut l'admettre, mais surtout interloquée jusqu'à ce que je me souvienne des paroles dites à David un jour. Oui, j'avais ce fichu don de m’être les autres en rogne afin qu'il montre leur véritable face mais j'étais loin de m'attendre à cela de la part de Sub ! Je fis une grimace à part moi quand il me prit rageusement la hache en main, de la colère , rien de plus normal pensai je , mais pourquoi diable se mettait il à devoir de débiter ce tronc en dépit de cette colère envers moi ? Pour mieux la calmer ? Pour éviter de me cogner... moi ? Subitement je reculai, et non seulement parce que l'arbre tanguait dangereusement avant de finir au sol. Non, de nouveau la peur s’immisçait par tout mes pores. Celle de l'autre. Mon crane appelait David à la rescousse quand ma bouche restait définitivement muette. Puis après le brouhaha de la cognée, le silence, lourd, pesant et au milieu du visage devant moi, un sourire.
Je fronçai les sourcils. Avais je mal interprété son ressenti ? Ne Voulait il pas plutôt me prouver son habileté , au moins avec un hache ? D'ahurie, j'en fus tourmenté. Il ne devait pas être un si mauvais bougre que cela, même si il avait cette fâcheuse tendance à tourner au plus près des jupons. Je soupirai, me mordis l’intérieure de la lèvre et m'en voulu de lui avoir ainsi fait front. Comme toujours en vérité, mais mon ancienne habitude a user de mots plus piquants aux répliques plus acides afin de cacher ma propre peur, mes propres faiblesses ne m'avaient pas entièrement quitté et puis elles permettaient tellement mieux de voir les autres tels qu'ils étaient réellement. Il tourna les talons promptement en lançant un :

- Ce sera donc sans viande ce soir... Alors, à la soupe! La bonne fin de journée à toi ! qui m'obligea à lui répondre aussitôt.

- Attends Sub ! Je soupirai puis enchainai de suite :
- Passe à la taverne ce soir, je te dois bien un repas pour .. je lançai un coup de tête vers l'arbre en ajoutant : - ca. Enfin sous un sourire embarrassée, j'ajoutai un simple : - merci, t'étais pas obligé , tu sais.

Ouais, il devait le savoir, mais je n'avais rien trouvé d'autre à lui dire pour m'excuser de mon ton, de mes dires, de mes si aigres remarques. Acceptera t il ou non, de cela , je le laissai seul maître.

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Mortsubite a écrit:: Me retourner? Impossible, j'en avais bien trop gros sur la patate. Croiser son regard, pas le courage...

Je me contentais de lever ma main vers le ciel, tout en continuant ma marche de retour vers la civilisation. La dérision était mon fort, je ne laisserais rien paraître, je ne l'avais jamais fait, à quoi bon commencer?

Poussant ma voix pour qu'elle entende l'intégralité de mes dires: Je note Eulalie... mais ça va te revenir cher! Je n'ai jamais autant faim qu'après une mauvaise chasse!

Je forçais un petit rire avant de disparaître à travers les branchages. Mon arc dans le dos ne m'avait encore jamais servi de tuteur, mais à ce moment précis, il en avait les vertus.
Perdu dans mes pensées, le pas lourd et le regard hagard, je vis à peine un lièvre détaller devant moi.

Sourire amusé, je ne pus m'empêcher de penser que c'était son jour de chance à celui-là...

Arrêt momentané, j'arrivais à la sortie du bois, une certitude en tête, pour une fois.
Ma décision était prise: Prendre le large... Comme ça qu'ils disaient les matelots tout fraîchement débarqués, qui venaient se ruiner dans les tavernes de mon Tréguier natal.

Je soupirais... sans attache ils étaient, sans attache je redevenais à nouveau...
Rohan et ses douces illusions - de courte durée- : une amante, une amie... la perte était sévère pour une seule journée...

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Eulalie a écrit:: Sans comprendre je le vis partir.
Pourquoi subitement ce... malaise ? cette... distance ? était ce cela ? en tout cas, cela s'en rapprochait énormément et lui ressemblait si peu. Pas un regard mais une main qui se lève en guise de.. ? de quoi ? d'adieu ? Et puis subitement quelques mots lancés qui me persuadèrent tout le contraire de ce qu'ils exprimaient. Sans m'en rendre compte, je contournai le tronçon d'arbre qui contenait la ruche, trop préoccupée par ce qui venait de se passer.

Corne de bouc, mais qu'avait il donc soudainement ? Quelle mouche l'avait piqué pour... fuir ? Mais était ce une fuite ? Quoique ce soit était ce par fierté ? orgueil où mépris ? Pas même un mot de plus, ni haussement de ton, ni boutades, ni gaité, ni.. rien en fait. Plat, vide, fade... Il ne m'avait pourtant pas paru aussi facile à déstabiliser. Non, quelque chose clochait et être infichue de mettre le doigt dessus, m'exaspérait au plus haut point.

Plus perturbée que de raison, je fixai de nouveau l'endroit où seules les fougères écrasées prouvaient sa venue. Son absence y régnait, gênante. Il laissait derrière lui un, je-ne-sais-quoi d'inachevé, comme un jeu stoppé en plein milieu et encore lourd de nombreuses possibilités. Je n'étais même pas certaine de le revoir afin de le terminer et quand bien même le revoir, le jeu serai brisé.
Je fronçai les sourcils en constatant que j'étais ébranlée plus que de raison puis secouai vivement la tête pour supprimer ces pensées, comme un chien le ferait pour ôter la poussière de son poil. Enfin, je soulevai avec précaution le tronçon qui m'importait et le déposai dans la charrette. J'abandonnai le reste du bois bien qu'il fut rationnel de le ramasser en prévision des hivers à venir mais ma liesse m'avait subitement quitté. Je repris les rênes d'Eucalyptus et rebroussai chemin, mais alors qu' il s’arrêterait à Rohan, moi, je n'aspirai plus qu'à une chose : Poursuivre vers Kastell.

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

...........Le chemin a été long avant d'arriver non pas à la destination finale mais principale, Rohan. Un pèlerinage .. c'est ainsi qu'au fil des lieues parcourues j'ai fini par le dénommer. Je fais un pèlerinage. Robin avait mit un mot différent sur ce périple mais au fond, cela revenait au même.
Ce merveilleux ami je l'ai perdu en cours de route. Je ne sais pas quand, ni ou. Trop absorbée par mes pensées, je ne m'en suis même pas aperçu jusqu'à aujourd'hui alors que je cherchais à serrer sa main afin de m'encourager. C'est pourquoi, elle me surprend cette sérénité que je ressens finalement sur cette terre que j'ai fuis il y a si longtemps, totalement dégoutée et surtout anéantie. En refoulant son sol, j'avais cru que la colère l'emporterait, l'amertume également, et tout un tas d'autres sentiments morbides; il n'en est rien. Certes, je n'ai croisé aucun breton encore; est ce la raison ? Non, pas que.. je sens au fond de moi que quelque chose à changé. La haine profonde que je portais en moi pour cette ville, pour ce qui s'en rapportait surtout, a disparu. J'ai sondé un long moment et n'ai ressenti que paix.

...........Alors, nonchalamment j'arpente cette foret. Le bas de mes jupes brodées de boue, mes mains frôlent les fougères, l'odeur de mousse et de champignon titille mes narines et les souvenirs s'en mêlent, de très,très anciens souvenirs.

...........Je revoie le chasseur, son sourire aguicheur, ses regards caressants et le verbe charmeur. Un sourire empreint de nostalgie se dessine sur mes lèvres, nous nous sommes croisés si souvent depuis cette première rencontre, parfois de long moment, quelque fois de très court. La dernière m'a prise au dépourvue.

...........Je stoppe mon avancée et m’assied sur une souche d'arbre. De ma besace, je sors le dernier pain avant d'aller plus loin, mon sourire s’élargit en le regardant, je relève la tête pour chercher du regard tout autour de moi.... Sait-on jamais...des fois que..... Non. Il ne semble plus y avoir de ruche sauvage ici et mes propres abeilles ont depuis bien longtemps disparues. Je croque dans le pain et revient un meunier, des ami(e)s, des diners, des rires, les hauteurs de la tour du guet de Brest, l'odeur des crêpes d'Ame, les cailloux de David, une naissance dans les landes....Le voile se déchire sur la valse des souvenirs... Je me surprends d'avoir le cœur en liesse.

...........C'est un pélerinage.... et ce pélerinage commence avec sérénité. Je me redresse, ote les miettes accrochées a ma robe, et d'un pas calme, me dirige vers la ville. un mot que jamais je ne pensais dire, un breuvage que jamais je n'aurai pensé reboire........ Chouchen.....

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