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 Errances..

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MessageSujet: Errances..   Errances.. Icon_minitimeDim 20 Fév 2011 - 21:20

lilith.

En d'autres temps, en d'autres lieux, elle aurait tout fait pour que son entrée dans cette ville nouvelle soit remarquable, et remarquée. Elle aurait sans doute commencé par saluer tous les hommes qu'elle aurait croisé, d'un grand sourire enjôleur. Puis, malgré la température frisquette, sans doute que son jupon aurait volé "innocemment" à la faveur d'un coup de vent, imaginaire ou réel.
L'étoffe aurait laissé apparaître ses jolies jambes, peut-être même jusqu'au dessus du genoux, faisant deviner des cuisses jeunes, fermes et soyeuses. Normal pour une jeune femme de son âge.
Surtout que, contrairement aux autres donzelles de son âge, elle avait toujours pris soin de ne pas se faire engrosser malencontreusement. Les vergétures, la poitrine molle et le ventre flasque, ça rebutait le client.

Mais ça, c'était avant.

Avant le Limousin. Avant ce qui s'y était passé. Avant ce qu'elle y avait vu. Avant que ses nuits ne soient hantées par ces images, ces odeurs, ces sons qui l'obsédaient.

Hébétée...

Aujourd'hui, la catin n'était plus qu'une ombre. Fille de joie... un bien joli mot quand on y songe. Elle qui arborait autrefois des formes généreuses avait désormais le visage un peu émacié, non pas qu'elle manquait d'argent pour se nourrir, non. L'argent n'était pas un soucis. C'était l'absence totale d'appétit qui avait creusé ses traits. Les nuits sans sommeil, ou dans le meilleur des cas entrecoupées de cauchemards, avaient achevé le travail en imprimant sous ses yeux des cernes de fatigue.

Fatiguée...

Elle entra dans la ville aussi discrètement que possible, ombre drapée dans sa vieille cape, élimée par endroit jusqu'à la trame. Ses cheveux bruns étaient dissimulés par une capuche, attachés en une très longue tresse dont on ne pouvait deviner que quelques mèches.
Elle ne rasait pas vraiment les murs. Elle ne marchait pas non plus en pleine lumière.
Elle ne fixait pas le sol comme le font les gens peu sûr d'eux, mais elle ne regardait pas vraiment les passants non plus.
Elle n'était pas morte, mais n'était pas pour autant tout à fait vivante...

Invisible...

Quelconque... Tout le contraire de ce qu'elle fut.

Pourquoi était-elle ici?

Elle n'en était elle-même plus très sûre. Une missive. Quelques lettres en fait, si elle se souvenait bien. Mais elle ne les avait pas gardées, sans doute qu'elle les avait brûlées, comme elle avait brûlé beaucoup d'autres choses qui Lui appartenaient. Vaine tentative de faire disparaître l'horreur de sa mémoire. Ridicule espoir de ne garder aucune trace de ce qui se passait autour d'elle. Se concentrer sur les besoins immédiats, sans s'attarder sur le passé, immédiat ou plus lointain. Ni spéculer sur le futur, jamais.

Quel futur, d'ailleurs?

Rien. Aucun. La putain jeta un regard sombre vers la silhouette de l'église qui se dessinait là, au milieu du village, comme il se doit. Un haut-le-coeur lui serra les tripes, il ne cessa que lorsqu'elle détourna les yeux du bâtiment. Symbole maudit...

Une missive, donc. Inattendue, mais qui l'avait marquée, puisqu'elle avait décidé de prendre la route pour rejoindre son auteur. Des mois, si pas des années qu'ils ne s'étaient pas vus. Et pourtant, les mots couchés sur le vélin avaient réveillé le souvenir aussi fugace que vivace d'un baiser volé, précisément sur le parvis d'une église. Ironie du sort. Baiser volé par pure provocation, son principal passe temps, auparavant.

Où était-il? Aucune idée. Elle se souvenait qu'il lui avait écrit quelque chose à ce sujet. Mais quoi? Ce jeu d'entraîner sa mémoire à oublier les informations se montrait efficace. Mais pas avec les bonnes informations.
Elle n'avait en tête que deux noms propres, en fait. Son prénom et St-Lizier.
Est-ce qu'il avait une demeure ici? Un commerce? Des terres, peut-être... S'il le lui avait dit, elle ne s'en souvenait plus.

Elle aurait pu s'adresser à quelqu'un pour demander son chemin, le village n'est pas énorme, tout le monde doit plus ou moins se connaître. Il lui semblait d'ailleurs que celui qu'elle était venue rejoindre avait aussi fait mention d'une personne à contacter. Mais qui? Lilith renonça à fouiller ses souvenirs avant même d'avoir commencé, peur d'ouvrir le mauvais tiroir. En outre, demander à quelqu'un, c'eût été renoncer à cette invisibilité à laquelle elle tenait...

Peut-être qu'en parcourant les rues, elle finirait par tomber sur lui...



lilith.

Des jours...

Des jours qu'elle errait dans la ville. Ou n'étaient-ce que des heures? A moins qu'il ne s'agisse de mois... Plus aucune notion du temps, dans sa tête, trop remplie de mille pensées, mille images traumatisantes. Le temps... ce n'est qu'un ennemi de plus. Alors heures, jours, ou mois, qu'importent.

Elle dormait ici ou là, tantôt dans une auberge, tantôt dans une grange. Prenant soin de ne point se faire remarquer. Le froid, elle vit avec depuis le Limousin, alors si parfois, elle a les lèvres bleues, les doigts ou les pieds engourdis, elle le sent à peine. Comme elle sent à peine la faim. Elle oublie souvent de manger, un réel oubli, comme quand on oublie d'acheter quelque chose en faisant son marché. Mais cela n'arrange en rien sa maigreur, ni sa pâleur. Elle est Fille du Sud, pourtant, fille d'une contrée où les cheveux sont caramélisés par le soleil, où la peau est matte dès la naissance. Mais elle se souvient à peine. Ne se souvient que de quelques mots dans une langue qu'elle ne comprend plus.

Qu'importe.

Là, elle sort de la taverne municipale. Un long moment, elle est restée prostrée dans un coin de la salle commune, entendant à peine les voix des gens présents. Regard perdu dans le vide.

Un mot l'a fait sortir de sa torpeur. Toulouse, voyage... Voyage? Italie.
L'Italie...
Elle se souvient de quelques mots. Dans une lettre. Il part en Italie, il reviendra vite. Foutue manie de brûler tout ce qui pourrait constituer un souvenir... Elle l'a brûlée, comme les autres, elle ne peut plus la relire pour se souvenir. C'est le but.

Elle qui n'a plus de mémoire, tente de gratter. Et son nom... Il vient dans la conversation! Elle a sursauté sur sa chaise, s'est levée, même, en l'entendant! Ce nom auquel elle se raccroche comme à une bouée dans la tempête. Il est ici, il est revenu, ce matin-même, lui apprend la mairesse!

Moment de panique, moment de stress, moment de joie... partagée entre diverses émotions, elle laisse transparaître sa nervosité malgré elle...
Elle finit par se lever, quitte la taverne...

Ces rues, elle a finit par les connaître, savoir les ruelles par coeur... mais malgré cela, elle est incapable de dire où il vit...

Alors, triturant nerveusement sa robe qui fut autrefois d'un rouge vif, elle se remit à les parcourir, ces pavés...




Totoriflette_le_vrai

Le voyage, le voyage qui aurait du être rapide dura bien bien plus longtemps que prévu. Oh cela ne fût pas désagréable non, même plutôt agréable en fait. Sa blondinette avait été élevée au rang de ptimouss. Découvrir la pratique de la navigation après en avoir appris durant de long mois la théorie, un bonheur.

L’Italie : un village, Piombino, une bureaucratie… de Pise ou son bateau devait être construit, ils furent envoyés à Piombino… Lui qui lui avait annoncé un retour rapide à Saint Liziers…

Il se demandait si elle était arrivée, ou bien si elle avait renoncée…

Cela remonte à si longtemps maintenant, un mariage ! Son propre mariage, ou cette personne l’avait embrassé sur le parvis, tout en lui murmurant qu’il faisait la plus grosse erreur…Mais lui, candide, ne l’avait pas cru, et s’était tout de même marié, endossant alors rapidement le titre du plus cocu du royaume…

Il l’avait perdu de vue, ayant rapidement quitté son village natal. Quitté ? Fuir serait plus juste ! Afin d’éviter surement qu’on lui raconte qui était vraiment celle qu’il venait d’épouser ! Sa femme… infidèle s’était laissée mourir… enfin nul n’a jamais su ce qui s’était passé… et lors d’un voyage avec sa nouvelle compagne, c’est à Cahors que leurs chemins se croisèrent…et bonheur de la revoir, souvenir revenant en mémoire, surpris les yeux dans les yeux…la rupture ne se fit pas attendre …il finit par rentrer seul… d’autres rencontres, d’autres amours, sa dernière compagne Mad, de merveilleux moments auprès d’elle, de belles années. Elle l’aida même à accepter la perte de son demi-bras, l’obligeant à se battre pour rester lui ! Il l’avait quitté pour ne pas la tromper.

Souvent il repensait à ce parvis, et tous les cœurs brisés par sa faute, le sien… il avait souvent battu pour une femme, et souvent s’était brisé. Envisageant même d’entrer au service d’Aristote, chose que Rome lui refusa…

Durant tout le voyage vers l’Italie, il repensa souvent à ces échanges de missives qu’ils avaient eues. Et juste cette promesse faite, viens, viens me rejoindre et je saurai prendre soin de toi, te protéger, et te renouveler mon amitié

Aussi, après avoir laissé sa nave génoise appelé La Yemaya à Narbonne, ils étaient tous rentrés à Saint Lizier. Il avait laissé sa blondinette se reposer un peu, et c’est donc seul, qu’il avait redécouvert le village. Aérant le bureau d’accueil, se régalant des odeurs du marché, allant présenter ses hommages à la mairesse, lui faire promesse de reprendre ses activités, puis aller à nouveau marcher dans le village.

Passer non loin de l’église, repenser au cloitre, et inévitablement penser à sa blondinette, marcher, ouvrir grandes les mirettes devant ce qu’il avait l’impression de découvrir, la milice toujours en patrouille, ressentir le regard des gargouilles, sourire, marcher, croiser quelques passant, les saluer de la tête, de nouveaux visages, voyageurs, nouveaux venus… qu’importe nombres d’entre eux sont emmitouflés dans leur cape, capuche rabattue sur le visage. Sur la place, dans le froid, sur le banc de pierre s’asseoir, sentir le frais dans ses braies, et rester là, savourant le retour en regardant alentour.



lilith.

Un souffle... un parfum...
La mémoire olfactive est la plus puissante qui soit. Même si elle a tout fait pour que s'évaporent les souvenirs, qu'ils se dissolvent dans l'acide du néant, elle ne peut rien contre cette mémoire-là. De tous les hommes qui l'ont payée pour un bref instant de plaisir, elle n'a retenu aucun parfum particulier. Noble, notable ou bourgeois, elle ne les différencie pas. Mais ce souffle là la fait se retourner. Il évoque quelque chose, une époque révolue...

Elle relève légèrement le visage, ses yeux sombres cernés se posent sur la silhouette qu'elle vient de croiser sans la voir. Et vice-versa. Est-ce que...
C'est un homme qui s'assied là. L'église se dresse juste derrière lui, comme une menace pour la jeune femme. Elle n'ose plus s'approcher de ce genre d'édifice, depuis le Limousin, depuis que celui qui la protégeait n'est plus... Pourtant, les bribes de souvenirs qui lui reviennent épisodiquement lui indiquent qu'il n'en fut pas toujours ainsi.
Mais pour l'heure, c'est avec une lueur de terreur au fond du regard qu'elle observe la scène... Si sûre d'elle autrefois, elle n'était plus qu'une ombre craintive.

La brune se concentre, pour détourner le regard du bâtiment religieur et fixer l'homme, afin de détailler ses traits. Un pas vers lui... deux, puis trois... Il faut qu'elle soit sûre!
Elle qui fuit les villageois, qui n'a encore lié de vraie relation avec aucun d'eux, qui ose à peine discuter avec ces gens qu'elle croise en taverne... Elle s'approche de l'homme, discrètement, timidement...

Est-ce que c'est... lui? Ces traits... peut-être qu'elle se trompe, elle n'est plus très sûre d'elle... Si ce sont bien les siens, il lui semble qu'ils se sont affirmés, gagné en caractère, probablement en force... L'acier de ses yeux... Comment être sûre? Aller lui parler? Rien qu'à imaginer ça, elle ressent son sang qui bat dans ses tempes, son coeur qui s'emballe, sa respiration qui se bloque. Moment d'angoisse intense, comme chaque fois qu'elle se laisse submerger par les souvenirs... Tout à coups, sous l'effet de la tension intense qui la tiraille, et peut-etre aussi de son état de faiblesse général, ses jambes la lâchent, sous elle.

Tombée à genoux sur le sol glacé, sur les pavés humides, elle baisse à nouveau vite le regard. Vulnérable comme jamais...



Totoriflette_le_vrai

Assis, assis sur ce banc de pierre, le froid engourdissant lentement son séant, le regard plutôt dans le vide, ses prunelles ne fixant rien de précis, mais pourtant la tête suit la mouvance des passants…

Que faisait-il là ? Pourquoi avoir choisi cet endroit ? Haussement d’épaules presque imperceptible, qu’importait le pourquoi du comment d’ailleurs, il était là, et heureux de retrouver son village.

Se rappeler qu’il lui faudrait rapidement se rendre à son bureau de tribun afin de porter aide aux nouveaux licerois qui le souhaitaient. Mais également près de son amie Nael se rendre pour lui présenter ses hommages et lui faire une bise sur la joue. Sans oublier non plus de passer à l’université, mais aussi s’occuper de la cave de ses amis Laure et Correba, un soupire alors… sur le bateau de tout cela il n’avait eu cure durant tout ce temps, ne profitant que des vents, des moments avec sa blondinette, son ptitmous comme il aimait à l’appeler, mais depuis le retour au village il était revenu à la réalité, et avait remis les pieds sur terre !

Puis d’un coup, sensation d’être observer, des pas qui vers lui s’approchent, sensation d’une vision floue sur le coté, telle une ombre que l’on aperçoit puis qui disparaît. Secouer la tête, penser que la fatigue le gagne, et qu’il ferait mieux de rentrer et se reposer, puis entendre un craquement. Tourner brusquement la tête, et voir une personne agenouillée face à l’église, regarder rapidement derrière lui, puis ramener son regard vers la personne.

La personne est là, tête encapuchonnée, vêtue d’une cape foncée, visage tourné vers le sol, se lever alors d’un bond et s’approcher. Pencher le buste en avant, tendre sa seule main vers la personne, découvrir quelques mèches de cheveux échappées de la capuche, ne point voir le visage, mais proposer son aide.

Vous avez un problème, je peux vous aider ?

Ne pas attendre de réponse, passer la main sous son aisselle, tenter de la relever, ressentir la maigreur de la personne, avec pour seule idée de la mener sur le banc en ajoutant

Allez venez, vous allez attraper la mort en restant là ainsi


lilith.


En quelques mots, il a levé le doute.

Cette voix, c'est bien la sienne!

Alors brusquement, de nombreuses images reviennent. Celles d'une autre vie, dans le BA, celles de soirées passées à discuter avec lui, celle d'un mariage dont elle savait au plus profond d'elle-même, avant qu'il ait lieu, qu'il serait malheureux.

Attraper la mort... ca ne serait pas un mal, finalement... Elle sent le bras qui la soulève, comme si elle n'était guère plus lourde qu'une plume. Elle ne s'y oppose pas, retrouve même un reste de volonté pour se hisser sur ses jambes.

Il n'y a pas si longtemps, elle aurait préféré mourir que de se laisser aider. Elle aurait pris son air le plus hautain pour refuser d'un sarcasme toute main tendue vers elle.
Il n'y a pas si longtemps, déjà, il avait voulu l'aider. Elle le reconnaît bien là. Toujours cette envie irrépressible de prendre soin des autres avant de se soucier de lui-même.
Certaines choses changent, d'autres pas.

Elle murmure un "
Merci...", se laisse guider jusqu'au banc de pierre... Elle n'ose pas encore relever le visage. Il ne l'a pas reconnue... Se souvient-il seulement d'elle? Il est vrai qu'elle est méconnaissable, mais... Elle tente de se remémorrer leur correspondance...
N'a-t-elle pas rêvé ces lettres? Son esprit embrumé les a peut-être purement et simplement inventées, pour se donner un but, quelque chose à quoi se raccrocher... Elle ne sait plus, une ombre plâne, celle de cette folie latente qui la guette... Pourquoi est-elle venue ici?

L'homme l'aide à marcher, voici qu'elle remarque seulement son handicap. Une ligne dans une lettre, elle se souvient qu'il lui en a parlé... Elle fixe ce bras mutilé, signe extérieur d'une blessure physique... Elle s'arrête. Sa main se pose très délicatement sur le moignon, comme si elle voulait appaiser cette blessure pourtant visiblement cicatrisée depuis quelques temps. Ce ne sont pourtant pas les blessures physiques qui font le plus mal, ils le savent tous les deux. Mais c'est tellement plus simple de parler de celles-là...
Lui aussi a eu son lot de souffrances, mêmes si aujourd'hui tout n'est que cicatrices, elle le sait. Quelle égoïste elle fait...
Elle fait fi de ses jambes qui tremblent, de son sang qui bat à tout rompre dans ses veines. Regard toujours bas, sur son bras, elle murmure :


- Tu... méritais pas... ça...


Totoriflette_le_vrai


Elle se redresse, elle se laisse faire, aucune réticence, aucun signe de méfiance, elle avance lentement, chancelle même parfois, il la sent faible, la retenant plusieurs fois tant bien que mal, s’aidant de son demi bras pour la rééquilibrer.

Certes cela faisait un moment qu’il avait quitté Saint Liziers, mais il n’avait pas souvenir qu’il y a avait une tel misère. Il se rendit compte que la cape de la dame était bien élimée, il secoua la tête, se demandant si aider les plus démunis était maintenant dénué de sens dans son village !

Réfléchir rapidement, peut-être une voyageuse, qui sur les chemins a fait de mauvaises rencontres, avoir une pensée alors pour celle qui doit venir le voir, celle qui s’était sur la route faite agresser, espérer que quelqu’un avait pris soin d’elle alors ! Ou bien une femme dont le mari ivre a jeté à la porte ! Se perdre en conjecture, et continuer de la mener vers le banc.

Il entend le son de sa voix une première fois, un merci, mot trop court pour savoir si l’accent est local ou non, mais prononcé dans un murmure seulement, signifiant plus encore la fatigue ou même la lassitude.

A quelques enjambées du banc, elle s’arrête, il fait de même et sent alors la main de la dame se poser sur son moignon, grimacer, vouloir reculer, mais sentir des pieds de marbre et de nouveau entendre sa voix !

Elle le tutoyait, elle le connaissait… cette voix, cela remontait à si longtemps ! Comment pouvoir être sur ? Lâcher son dessous de bras, et lui relever le menton. Elle était donc arrivée à Saint Liziers, comme sa missive l’avait indiqué, elle l’avait attendu.

Découvrir alors son visage émacié, ses yeux bruns cernés par la fatigue, esquissé un sourire, ne rien dire, reprendre la marche vers le banc. Se souvenir d’elle, cette femme grande, élancée au forme qui faisait détourner le regarde de chaque homme, des cheveux soyeux qui tombaient dans son dos. Que s’était-il passé ?

Tant de questions tournaient dans sa tête, mais pour l’heure, elle devrait s’asseoir.

Il l’installe alors sur le banc, retire sa cape en hâte et lui jette sur les épaules, murmurant alors


Heureux que tu sois arrivée,


Ne pas trop savoir comment agir, se souvenir de son caractère, de cette force qui toujours la faite avancer, de cette souffrance qu’elle s’infligeait, sans jamais avoir su pourquoi.



lilith.


Elle ne résiste pas lorsqu'il lui relève le menton. Face à tout autre habitant de la ville, elle aurait fuit. Mais là, pour la première fois depuis des mois, elle se sent curieusement en sécurité. L'instinct quasi animal qui la guide depuis si longtemps, qui lui souffle de ne faire confiance à personne, et d'encore moins s'attacher à qui que ce soit, cet instinct-là lui laisse entendre qu'il n'y a plus de danger...

Le regard bleu intense qui la scrute n'a rien perdu de sa vivacité. Elle y lit qu'il la reconnaît, qu'il n'a pas oublié. Elle voit aussi mille questions dans ces yeux. Elle a changé, c'est sûr. Est-ce un sourire qui se dessine? Elle a la confirmation de ce qu'elle avait cru deviner. Ses traits à lui se sont affirmés, définis...
Elle s'assied, baisse à nouveau le regard. Une indescriptible chaleur l'envahit lorsqu'il la recouvre de sa cape. Chaleur physique, l'étoffe lui transmet sa chaleur à lui. Chaleur morale, aussi. Elle l'avait oubliée. Elle se tient le dos courbé, recroquevillée sur la pierre.

Les yeux sombres un peu perdus se lèvent à nouveau vers lui lorsqu'il parle...
Cette simple phrase signifie qu'elle n'a pas rêvé cet échange. Elle n'est pas ici sur base d'illusions ou de délires, mais bien dans un but bien précis. Restait à savoir lequel...

Elle esquisse un début de sourire, timide, ténu, mais sincère...


- J'ai eu peur que... toi... tu n'arrives jamais... peur de m'être trompée... Toto... peur que...

Elle ne termine pas sa phrase. Des peurs, elle en a mille. Irrationnelles, pour la plupart, mais ça, son esprit n'en a ni conscience, ni cure. Il vient déjà d'en lever quelques-unes. Il est là, elle le touche, serre doucement son bras valide pour s'en assurer. Il a l'air fort, de cette force que dont sont pourvus ceux qui ont déjà traversé des épreuves et s'en sont toujours relevés. Dans le fond, ça ne la surprend pas. Elle qui se croyait forte...

Elle jette un regard craintif vers l'église, en tremble. Autrefois si pieuse, la catin trouvait là le repos et un certain appaisement. Aujourd'hui, le bâtiment sombre fait naître des images qui la terrifient, comme si les pierres allaient se mettre à se mouvoir pour la happer. Pourtant, un instant aussi bref qu'important de leur histoire commune s'est déroulée sur un parvis comme celui là. Elle regarde à nouveau Toto, balbutie :


- Je... il ne faut pas... rester ici...


Totoriflette_le_vrai


5 mots lancés, une banalité comme un gamin aurait pu le faire, voila ce qu’il avait été capable de faire, seulement lui dire une banalité…pourtant si à Saint Liziers, il lui avait proposé de venir c’est qu’au travers de ses lignes il avait ressenti un souci, une peur… mais pour l’heure finalement, il ne voulait, ni ne devait la brusquer. Car même si elle paraissait miséreuse à regarder, épuisée, émaciée, il savait que cette force était toujours présente en elle, et qu’un mot suffirait surement à la braquer, et la faire fuir à nouveau, donc c’est en douceur que le manchot répondit.

Pardon de mon retard, nous avons eu quelques soucis avec les vents…


Encore une banalité, n’était-il donc capable que de cela ? Il serrait les dents, voulant savoir, vouloir comprendre, certes sur le chemin des voyous l’avaient mal mené, mais avant, pourquoi avoir quitté le Limousin ?

Il pose la main sur sa joue, avec respect, prudence aussi, la regardant dans les yeux


Lilith, chutt, je suis là, nous allons prendre soin de toi…

Oui, il avait bien dit nous, il ne savait plus si à sa blondinette il en avait parlé, mais une chose était sure, à ses oreilles rapidement viendrait la nouvelle que le manchot était avec une femme sur le parvis de l’église… il tourna la tête vers la ruelle, et vit les regards se porter, il lui faudrait être fort, aussi quand elle proposa de bouger, il acquiesça de la tête.

Se levant, il lui tendit son bras, ajoutant tout bas

Tiens-toi à moi,

Un sourire, la regardant,

Je te propose d’aller au marché, ou mieux encore à l’auberge, tu pourras y manger, et …

Il hésita un instant, comment allait-elle le prendre ? Il ne voulait que du bien pour elle, il avait depuis leur première rencontre toujours essayer de l’arracher à cette vie, lui proposant plusieurs fois de le suivre, mais toujours elle avait refusé, alors la … !

Prendre une chambre, te reposer, je m’occuperai des frais…

S’arrêter, la regarder, et ajouter sur un ton qui ne laissait pas de discussion possible

Allez viens…



lilith.

Prendre soin d'elle... Jamais elle n'a laissé qui que ce soit prendre soin d'elle. Hormis peut-être Celui qui la protégeait, avant. Mais peut-on considérer qu'il prenait soin d'elle, étant donné que les coups étaient fréquents, qu'il laissait sa violence s'exprimer sans aucune retenue et qu'elle en faisait souvent les frais? En tout cas, il l'avait au moins tirée des sales pattes de clients douteux plus d'une fois.

Se laisser faire, pour une fois... Se laisser porter, mettre son sort entre les mains de quelqu'un... C'était sans doute là la solution à cette fatigue intense qu'elle ressentait, à cette tension, ce sentiment d'être perdue.
Chacun des gestes de Toto, de cette main sur sa joue à cette façon de la soutenir pour marcher la mettait de toute façon en confiance, si c'était encore nécessaire...

Peut-être qu'il était temps de reconnaître que sa vie n'avait pas été une grande réussite jusqu'ici, guidée par la culpabilité, par son métier. Peut-être qu'il était temps de changer?


Je te propose d’aller au marché, ou mieux encore à l’auberge, tu pourras y manger, et … Prendre une chambre, te reposer, je m’occuperai des frais…

Elle voulut ouvrir la bouche pour protester, mais il ajouta un

Allez viens...

qui ne souffrait aucun refus. Un ton autoritaire qui avait quelque chose de paternel. Alors elle se tut, acquiescant tacitement. Sauf en ce qui concernait les frais... L'argent n'était plus un problème pour la catin. Elle plongea la main dans sa besace. Ses doigts frolèrent le petit sac de soie dont le contenu la bouleversait, qu'elle caressait souvent machinalement. Elle chercha un peu plus au fond et y trouva sa bourse. Une de ses bourses. Elle en sortit une poignée de pièces, prit la main de Toto, et avec un regard qui retrouva un instant l'éclat de fierté qui l'habitait en permanence autrefois, elle les y déposa et lui referma les doigts. De l'or. Elle n'avait pas compté, elle n'avait plus trop la notion de ces choses-là. Mais elle savait que des poignées comme ça, elle en possédait désormais tant et plus. Il y avait dans la main de Toto de quoi s'offrir plusieurs semaines, si pas plusieurs mois, dans l'auberge la plus luxueuse du Comté, à n'en pas douter...

Puis elle baissa à nouveau le regard et se remit en route, le laissant la guider dans ces rues qu'elle connaissait sans connaître...




Totoriflette_le_vrai


Il n’était pas du genre à la brusquer, mais de ce qu’il constatait, elle n’était plus la même, elle avait perdu cette confiance qu’elle affichait par le passé ! Aussi, il est vrai qu’il prit les directives, l’entrainant doucement à se lever, vouloir refuser son or, mais voir alors l’étincelle dans ses yeux, tel un oiseau de nuit qui vous regarde, les yeux perçants, et ajouter tout en lui remettant dans la main.

Alors tu payeras ton repas si tu y tiens !


Prendre un ton plus dégagé, et ajouter,

Moi, je prendrai une bière, et je t’écouterai…


Marcher lentement jusqu’à la grand place, voir moult regards sur eux se retourner, se dire que les lavandières vont encore s’en donner à cœur joie, espérer que sa blondinette comprenne que pour lui l’amitié est une valeur plus sure que bien d’autre chose, et qu’elle doit être confiante.

Prendre enfin la ruelle menant à la taverne de la chope



Marmitonne


Des jours, des jours et des jours qu'il avait passé sur son rafiot, le ponte. C'est dire la quantité phénoménale de braies, chemises, et le toutim; que Marmitonne devait à présent récurer.
Le rafiot ?
Non , très peu pour elle. Elle préfère le plancher des vaches. Aussi quand son patron lui a demandé de se joindre à lui pendant le voyage, elle a tout bonnement refusé. Bon, certes pour une fois, elle a du y mettre la forme et la manière. C'est qu'il est son patron, et pas vraiment facile à vivre, le bougre ! Alors elle a du faire dans la politesse. C'est un " truc" qu'elle a dû apprendre ça, la politesse; enfin, juste avec lui. Savoir tenir sa langue. Expérience douloureuse pour la mégère qu'elle est, car justement sa langue, il n'y a que ça qui fonctionne à merveille chez cette vieille. Sa langue et sa cogitation. Du moins... Plutôt dans le sens inverse. Elle voit, constate, cogite et surtout, en parle ! Et pour tout dire, elle pourrait en parler des heures entières du sieur Totoriflette...

Il faut dire qu'elle le connait depuis... Ouftii, bien bien longtemps !
Ca remonte au temps où elle vendait ses légumes dans la ville de Moulins. Il lui en achetait d'ailleurs, et elle avait bien remarqué que si par malheur se trouvait une poire un peu ; juste un peu... blette; le sieur en question ne se gênait pas pour le crier haut et fort. C'est grâce à lui qu'elle a dû fermer son étal d'ailleurs... Ça, elle lui en a jamais rien dit, mais elle le sait, c'est tout. Les clients ne venaient plus chez elle, et pour cause il avait crié si fort que ses fruits étaient pourris que tous les villageois la fuirent. Et aujourd'hui, la voila lavandière de celui la... Pas une sinécure...
L'avantage est qu'elle voyait du pays. Pour sur, elle en avait vu des villes, villages, contrées. De Moulins à Bazas, sans oublier le Puy , Chinon et Castelnaudary, et aujourd'hui Saint Liziers ! Non de diouce, voui, des lieues , elle avait dû en faire, et ses pauvresi jambes avaient bien de la peine à s'en remettre. En attendant, elle doit rapporter son énorme corbeille d'osier pour en faire sécher son contenu. Pas de chance, au lavoir il n'y avait personne à qui parler, alors Marmitonne à parler simplement pour elle même. Sur cette ville, ses habitants étranges, et surtout sur son patron...
Elle marmonne encore dans sa barbe en remontant la rue, le panier lourd, si lourd, posé sur sa hanche. Ce n'est décidément plus de son age tout ça, pourtant, il faut bien manger; et pour cela , il faut travailler..

Et voilà, c'est là.
Exactement à ce moment précis où elle bougonne sur son existence qu'elle le voit.
Qui ? Son patron pardi !
Que fait il ? Il caresse la joue d'une maigrichonne , misérable à souhait !

Encore une qui va y passer...

Marmitonne à l'habitude. Des donzelles, elle en a vu plus d'une autour de lui. Tiens, comme les marins justement, une dans chaque port ! Mais pour le sieur, c'est plutôt, une dans chaque ville, et même une sur un rafiot... Tssss, si c'est pas malheureux que de voir tout ca.

Mais attends voir un peu....

Les yeux de marmitonne s'aiguisent soudain comme des couteaux quand la donzelle en question lève les yeux en même temps qu'elle pose sa main dans celle du sieur.

Mais j'la connais celle la.... Attends voir d'attends voir un peu ...

Son sang ne fait qu'un tour, ses yeux la piquent d'être trop scrutateur, mais ce qu'elle voit.. Est ce possible, est ce vraiment celle qu'elle croit être ? Non, cela ne peut ?! Pas elle, pas encore elle !

Oubliant la lourdeur du panier, elle s'approche l'air de rien, suivant le même chemin qu'un manchot et sa catin...

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Errances..
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