J’avançais jusqu’en bordure de mer et contemplait l’horizon en serrant fortement ma capeline sur moi. Mazette c’que ca caillait, j’avais hâte de revoir l’été se pointer puis je me rappelais que bientôt je serai entre mes murs. Ailleurs … plus loin… Seule… mouais, mais devant une cheminée parce que…
.......................................................... Ca s compliquait…
Entre lui et moi, l’histoire n’est pas neuve, elle est même sacrément vieille. Mélange de bon et très mauvais souvenirs, mais depuis quelques jours j’essayais de zapper le passé pour mieux regarder devant.
........................................................................... Mouais sauf que……..
Par les Saints couillons du Pape ! Pourquoi fallait-il que le chasseur veuille lui, regarder derrière lui ?
Bon d’accord il voulait se retrouver, parce que ce couillon s’était perdu figurez vous…‘ fin…… il ne savait plus ce qu’il était avant.
............................................................................ Avant quoi me direz-vous ?
Bah avant de se réveiller à poil dans une piaule a Marseille.
M’est avis qu’il y a une donzelle la dessous - une de plus - mais bon…. En tout cas, ca avait changé pas mal de chose aussi chez moi, surtout quand je me suis réveillée aussi nue qu’un ver à coté de lui.
.............................................................................. Rien captée.
J’allais en Armagnac voir un fillot qui m’appelait et je me suis retrouvée dans les Alpes….. Forcement j’étais persuadé que le chasseur m’avait suivit, drogué, emmené et tout le reste... Comment pouvait-il en être autrement. Jamais il ne m’aurait vu dans mon si simple appareil. Jusqu’ici j’avais résisté. C’était comme un jeu ; celui de : tu m’aimes ? moi non plus… C’était ca notre vie…..’ fin…….. la mienne….. Alors me droguer pour arriver à ses fins, ouais, il en était tout à fait capable le coquebert.
On s’était engueuler à ce sujet, il n’a jamais avoué, à même nié en fait, pendant que moi, j’ai gardé ma défiance. Apres ? J’ai fait ma première B.A. - du moins pour lui - je l’ai ramené a Montpellier, là ou j’étais sure qu’il y retrouverait son passé. Il y avait vécu un petit moment, je savais même qu’il avait un mioche, une souris qui le tenait en haleine, bref, son passé quoi…
Puis on est arrivé… et là….. pchoune. Plus de mioche, plus de donzelle, plus son taudis, plus rien, pas même le bouquin qui m’avait anéanti à sa lecture ….combien d’années plus tôt ? une ? deux ? J’ai l’impression qu’il y a si longtemps….
Dire que j’ai profité de ce vide ? Mouais on pourrait le penser, mais en fait c’est advenu plus parce que cela le devait….. La même manse, la même piaule, le même pieu…
Mais à force de quémander à tous qui il était, il a eu vent de quelques noms et s’est empressé d envoyer un courrier à un de ceux là. Et ces satanés volatiles qui font toujours preuve de bravache ont trouvé le destinataire. Destinataire qui a aussi sec parlé de vive voix à Elle…
Et depuis la donne avait encore changé.
Du coup, j’avais l impression d’un jeu truqué. Les paires d’As avaient changées de main, et ca, ca ne me plaisait pas plein plein. La faute à ? Un parchemin qu’il avait reçu, un gribouillis…… d’elle. Invitation à la rejoindre dans une autre ville… Eurf…
T’es résignée qu’il m’avait dit. Y pouvait pas mettre plus dans le mille. Pour être résignée, je l’étais. Je savais qu’une fois qu’il aurait revu celle qu’il adorait jadis, ma p’tite personne passerait à la trappe, et ma foi, je n’avais aucune envie de me batailler pour le garder, donc oui j’étais résignée. J’avais l intention de faire une dernière B.A. l’emmener au lieu du rendez vous, puis me tirer.
Y me manquerait l’ahaus, mais de ca j’avais l’habitude. Oui, j'avais consenti à profiter des derniers instants avant de reprendre le courant de ma vie d’avant, cet abime de néant. Déjà mon vieil adage tournicotait dans mon ciboulot :
................................................................................................ Advienne que pourra..
Machinalement je fais demi-tour, je tente de remettre ma cape d irascibilité mais même de cela je n’en suis plus capable….. Lentement je me dirige vers le repaire sans nom. Cette appellation convient si bien à nos deux vies…