[rp] La cathédrale de Bayonne

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Mailisande a écrit:: Je serrai un peu plus fort contre ma poitrine, le châle de laine que j’avais posé sur mes frêles épaules. Etait il permis d’avoir aussi froid alors que l’hivers n’était pas encore la ? L’été se mourait et j’avais la désagréable impression d’en faire autant. Mais au fond, je savais pertinemment que ce n’était pas dû au temps. Triste constat à vingt ans de savoir que plus rien ne vous retient en ce bas monde. En vérité, le couvent me manquait, mes sœurs me manquaient, nos rires me manquaient, même nos silences me manquaient, et pourtant, dernièrement ce n’était que celui-ci qui m’entourait. Je levai un regard vers le ciel en le maudissant de m’avoir lui aussi abandonné. Pour toute réponse, ce fut quelques gouttes de pluie qui me répondirent. D’abord éparses elles s’intensifièrent et me laissèrent dégoulinante.

- Il ne manquait plus que ca. Pensai-je à voix haute en pressant le pas.

Je me dirigeai vers la Cathédrale, même de loin, on ne pouvait que la remarquer. Imposante, elle s’élevait dans un style surprenant par rapport à la ville ou elle se situait. Qu’importe, il me fallait retrouver mes esprits, ma quiétude et surtout la paix ; la Cathédrale était une évidence. Je voulais croire qu’à force de prière, Aristote m’entendrait et me dirai que chercher, ou chercher afin qu’enfin je puisse retrouver sereinement la Mère Supérieure. Mais plus les jours passaient, plus j’avais l’impression d’effectuer un pèlerinage sur des terres hostiles. Tout m’échappait et me fuyait.

Cette ville ; les quelques rares habitants que j’avais osé croiser, me poussaient encore plus avant dans mes retranchements et ouvraient la voie à mille autres questions.
Que faisait un viking dans les terres du Sud, et comment un manchot peut il devenir duc.
A leur vue j’avais failli défaillir.

Si pour le premier, j’avais pris les jambes à mon coup, au second, j’avais surtout déglutit et cacher ma mine de dégout. Je pouffai subitement dans ma main, au souvenir de ma hardiesse de m’être présenter sous la distinction de « Duchesse de la Baie Rente ». Il faut dire que je trouve fort peu convenable de se présenter avec son titre. Hors donc, ce Messire Manchot m’a fait juste l’impression d’être un « m’as-tu vu » absurde et je trouvais ses manières tout simplement aberrantes. M’étais-je présentée sous le nom de Sœur Mailisande ? Bien sur que non ! Oui certes, je n’en étais pas encore une, la Mère supérieure m’ayant renvoyé avant cela. Mais quand même !

J’approchai de la Cathédrale ou sous le porche j’eue l’impression d’être épiée par les sculptures qui le surplombaient, mon sentiment de malaise s’aggrava.
Si les gargouilles s’en mêlent, je serai bien nulle part, songeai- je, en poussant la porte de bois.

Abasourdie dans un premier temps par la grandeur du lieu, je fus bien vite décontenancée par son effervescence. Bravo ! Moi qui voulais prier au calme, me voici au milieu d’un tumulte de prières. Dans un soupir, je me dirigeai vers les alcôves latérales en contemplant les vitraux. Avisant le premier banc qui se présentait, je m’agenouillai, baissais pieusement la tête afin de commencer mes prières. Et …
Rien…
Le vide…

Par les Saints Couillons du Pape ! M’esclaffai je en silence, même les prières me fuient ?

Je relevai une tête furibonde et je lançai muettement :
Bon Aristote, faut qu’on parlemente, toi et moi ! et j’aimerai bien que tu me répondes ! Vas pas te défiler comme la Mère Supérieure ! Alors dis moi, que dois je trouver sur moi-même hein ?! Parce que la, même le Credo je n’y arrive pas ! Je ne pense qu’à ma quête de l’impossible ! Faudrait voir à m’aider un chouilla , beaucoup si tu veux pas perdre une de tes ouailles ! Crénom de nom !

Et de basculer d’un genou sur l’autre, l’énervement à son comble en attente d’une réponse

Admin Messages : 1168 Date d'inscription : 18/02/2011

Mailisande a écrit:: Mes genoux ; mon dos, mon cou, mes bras et mains jointes, tout mon être n’était plus que souffrance et ma tête demeurait désespérément vide de prières. Au milieu de cet égarement, j'entendis dans un lointain écho, le Credo que jadis j'avais tant de fois répété moi-même. A voix basse je le reproduisis. Mais il se produisit une chose étrange, il résonnait anormalement en moi et mon esprit buta brusquement sur quelques mots.

Dans un profond soupir je répétais : « aux hommes égarés... » Je fermai les yeux devant l’évidence qui me faisait froid dans le dos : nulle voix n’avait répondu à mon appel.
J’étais comme ces hommes, j’étais égarée.
Perdue dans un monde ou aucune place n’était mienne, bercée par les illusions que l’on m’avait prodiguées dès ma plus tendre enfance. Comment avais je pu croire à l’amour infini que l’on m’avait enseigné alors qu’aujourd’hui, cet amour infini se faisait muet ?
Pourtant, tout était si simple avant, si simple au couvent. A présent, au dehors, sans plus aucun repère, tout était différent.

La révolte s’engouffra en moi. Je lâchai prise et m’abandonnai dans sa tourmente. Alors, aussi lentement qu’un mince filet d’eau, je laissai ma foi s’écouler, s’échapper, s’éloigner avant de franchir l’autre rive.

Je redressai la tête en ouvrant les yeux, je savais ce qu’il me restait à faire. Avec lenteur je me levai, me dirigeai vers la lourde porte et sans me retourner je sortis vers ma misérable vie.

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